Deux petites filles sages veulent faire un remake

Si j'ai vu ce "film", c'est parce que comme tout le monde j'ai vu et aimé Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin, dont ce reprendre l'été se veut le "remake" et c'est là qu'immédiatement le bat blesse, c'est que les réalisatrices sont des petites filles bien sages et elles n'ont aucune audace, aucune volonté, aucune capacité à se détacher de l'original. Comme pour se croire légitimes, elles vont montrer de larges extraits du film de départ et dire "regardez on fait tout pareil", elles vont même jusqu'à reproduire certaines scènes avec les personnes qui intervenaient à l'époque, mais sans réellement avoir un discours intéressant sur le temps qui passe.


Ensuite, le deuxième problème c'est que tout ça pue le bobo parisien à plein nez. Je veux dire, dans l'original on avait des ouvriers, des gens "du peuple" et mine de rien on arrivait à brasser extrêmement large. Une poésie naissait également, ça avait un charme fou, alors peut-être car c'est vieux maintenant, mais là l'image est dégueulasse ce qui va empêcher toute atemporalité et surtout, ben les réponses n'ont pas de charme, comme si elles n'arrivaient pas à capter la beauté de l'instant. Rouch et Morin avaient eu deux jeunes filles qui se disaient heureuses car elles étaient jeunes et qu'il faisait beau. Ici on a des réponses similaires, mais c'est morne, plat, comme si ces réponses devenaient triviales, comme si celui qui menait l'entretien agressait en posant sa question les gens, comme si nous finalement on est habité à ce genre micro trottoir (qui est un peu le but du film : faire parler des gens sur le bonheur dans la rue) et ce genre d'images moches, on en voit plein dans les journaux télés...


Les réalisatrices, sages, n'ont rien d’intéressant ou d'original à montrer, à dire... D'où cette espèce de bienpensance bobo parisienne. Ici on n'a jamais une réelle discussion de fond, et tout semble édulcoré, pas de lutte des classes bien évidemment mais au contraire, on a une espère d'idéologie gauchiste qui fait l'éloge du multiculturalisme (bien que les réalisatrices s'en défendent).


On a ici un peu l'idéal de vie du bobo, que des gens qui ont plusieurs cultures (une fille nous dit même que si les banlieusards sourient c'est à cause de leur double culture...), on s'intéresse pas au sort du français, mais au sort du banlieusard... Pourquoi pas, mais ne va pas te revendiquer de chronique d'un été qui était, bien que de gauche, autre chose que l'étalage d'une idéologie moralisatrice, tout en divisant finalement plus les français que les unissant...


On se tape même un mec, fort peu doué, de SOS racisme, qui d'ailleurs se fait dire par un noir que son truc ne sert à rien (ce qui est l'une des rares phrases un peu intéressantes et "audacieuses" du film).


Bref, c'est mauvais, gangréné par une idéologie, gangréné par la volonté de copier un film, de refaire tout absolument pareil sans jamais se demander si toutes ces images de micro-trottoir on ne les a pas déjà vues mille fois et puis surtout une forme de sanctuarisation du film de Rouch et Morin qui n'était sans doute pas ce qu'ils cherchaient.


Un travail bête, laid et bien sage, où l'on fait bien attention d'être gentil avec toutes les communautés, ce qui n'était même pas dans l'idée de base de Rouch et Morin. On sent le politiquement correct, cette volonté de ne rien bousculer, de rien heurter... et on mélange ça avec l'absence de poésie, la banalité des images.. et c'est juste chiant.


Le film s'essaye même un peu à la semi-fiction avec une séquence de "drague", qui se voudrait représentatif d'un été... alors ok... mais les réalisatrices sont pachydermiques, elles n'ont pas la capacité de capter un regard, de juste laisser des jeunes gens ensemble pour voir si des affinités se créent... Il me semble que Rouch le faisait bien dans la pyramide humaine, qui lui montrait bien la rencontre entre des européens et des africains, les relations, les discussions qu'ils peuvent avoir.


Scolaire... Inutile de voir ça, c'est une perte de temps.

Moizi
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le 24 août 2017

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Moizi

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