le 12 mars 2016
Omniscience fiction.
Il faut 7 minutes et 40 secondes au jeune premier Tarantino pour apposer sa patte unique au 7ème art, au cours d’une séquence dialoguée qui déclare avec autant de fracas que de nonchalance toute sa...
Premier long métrage du talentueux et génie Quentin Tarantino. Sans doute l’œuvre la plus travaillée de toute sa filmographie, il donne un élan à un style qui le récompensera de diverses manières. Il fait en sorte que l’on s’intéresse à ce qui est filmé, contrairement aux metteurs en scène qui valorisent essentiellement l’action que transmet une scène.
Dès l’ouverture, il pose le ton de son univers, sobre dans la forme et tellement violent dans le fond. Le casting est de qualité et partagent s’échangent des dialogues, souvent crus, décalé et banals, sachant que le maigre scénario se résume à un cambriolage. Et c’est là qu’intervient la virtuosité du scénario qui, réduit à la cadence d’un huis-clos posé, s’engage dans la mission de nous « dépuceler », en un sens. A l’image de la chanson de Madonna « Like A Virgin », on adopte instinctivement un recul nécessaire. En choisissant de traiter l’archétype de gangsters sans pitiés et déséquilibrés, il établit des relations spirituelles entre ces loups affamés et le spectateur.
La finesse de Tarantino dans la réalisation est qu’il est capable de capter notre attention sur une chose à la fois, bien qu’une séquence soit assez riche en émotion. On oscille ainsi sur les ponts émotionnels, accentués soit par des répliques burlesques mais qui fonctionnent parfaitement au vu de la situation. La tension installée fait que l’on écoute. On écoute ces protagonistes se plaindre et se rapprocher de manière à ce que la pop culture les unissent. Encore un point cher au réalisateur, car le mariage avec l’humour noir permet de désamorcer un soupçon de violence, le temps d’un plan. Et comme l’intrigue nous saisit rapidement, on ne prend pas la peine de contempler et on subit les assauts verbaux et moraux qui se répètent sans cesse, une fois les animaux déchaînés. Chacun possède un caractère qui voit son reflet dans la société, si l’on s’accorde à les classer et trier en termes de « force de caractère ». Au lieu d’identifier une équipe, on ne visualise qu’une meute féroce, ne partageant pas toujours les valeurs que sont la solidarité, l’altruisme ou l’empathie. C’est ce qui est magnifique ici, car on prend un malin plaisir à les voir s’entredévorer, malgré la barrière malaisante chargée en hémoglobine. On boit jusqu’à plus soif, ni faim de partager une telle audace à l’écran.
On plonge ainsi dans un « Reservoir Dogs », modèle humaniste d’une société divisée, bien qu’elle partage un but commun. La volonté humaine est dépeinte par des tirades intenses et puissantes. On écoute et on apprend que même le maillon faible d’un groupe peut gagner son indépendance. A la fois magistrale dans la mise en scène, le travail d’ambiance et dans la distance de cadrage, Tarantino éveille bien des possibilités qu’il devra exploiter par la suite.
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Créée
le 5 juil. 2017
Critique lue 305 fois
le 12 mars 2016
Il faut 7 minutes et 40 secondes au jeune premier Tarantino pour apposer sa patte unique au 7ème art, au cours d’une séquence dialoguée qui déclare avec autant de fracas que de nonchalance toute sa...
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