Revoir Paris est le premier film d' Alice Winocour (AV) que je regarde. J'avoue ne pas avoir été hyper emballé par le synopsis, un énième film sur les attentats ne me tentait pas particulièrement. J'ai vu Amanda il y a quelques années, par le biais d'un festival de cinéma ou nous décernions le prix des lycéens (qui était revenu à l'heure de la sortie). J'avais aimé le film, la vision du deuil par le prisme d'un enfant qu'avait choisi Mikhaël Hers et j'avais été convaincu par Vincent Lacoste. Bref pour ce Revoir Paris, j'ai confié le choix du film à un ami qui a donc choisi le film de AV mais j'avais peur de la vulgarité et la facilité dans laquelle ce long métrage pouvait tomber.

Le film commence et patatra, ce que je ne voulais pas voir va se retrouve à l'écran, je le sens. Et j'appréhende ce moment, on sent que ça va arriver, que tout va partir en couille. Je ne me considère pas comme facilement impressionnable pourtant. Il pleut, le bruit de la pluie est assourdissant, y a le premier piège ultra grossier avec le mec qui tape contre la vitre quand ils sont deux au restaurant. Le mec de Effira part à cause d’une urgence, il est médecin, Effira le suit puis s'arrête dans un café. Et là, la scène dure des plombes, VE dilate le temps à l'extrême, la scène se joue en temps réel s'en est presque ridicule. On voit par de nombreux plans égocentré dans le personnage de Mia chaque personnage qui est scruté, Vincent que l'on découvrira plus tard, les filles japonaises, puis le coup du stylo qui fuit... Elle va se laver les mains et on se dit "ça y est ça commence » mais... non. C'est imminent, tout le monde dans la salle est au courant. Bref, Efira se lève et marche en direction de la sortie et puis ça commence.  Rafale de Kalashnikov. Le premier électrochoc est sonore. Trop fort, trop réaliste, chaque coup claque, l'horreur des rafales, je ne l'avais jamais ressenti auparavant. Tout ce que j'ai dis pourrait passer pour positif MAIS NE L’EST PAS. C'est désagréable, trop gros, on nous impose ce voyeurisme. On pourrait presque sentir l'odeur de la poudre et du sang, c'est tellement gerbant… On pourrait penser que ça va s'arrêter là mais non, Winocour pousse plus loin l'horreur et le sensationnalisme. On retrouve presque les codes du film d'horreur, Efira cachée, le terroriste qu'on voit qu'à moitié qui s'approche lentement et qui achève tout le monde, glaçant. Aucune pudeur dans les plans non plus, la réalisatrice montre tout ou presque. Ce passage me dérange profondément. J'ai lâché le film presque immédiatement et ce fut dur de me remettre dedans. Il ne me semble pourtant pas être un grand sensible, je me demande donc pourquoi un si grand manque de pudeur. Dans un film qui se veut naturaliste, qui se veut d'auteur, je ne comprends pas le manque de suggestion dans la mise en scène. Ça fait très brut, cochon, américain. On montre tout, sinon le spectateur, un peu con, va pas comprendre, évidemment. — Dans la série Sentinelle de Canal c'était mieux fait. Je ne suis pourtant fan ni de série, ni de celle-ci. Mais la scène de massacre dans le village malien, on voit le lieutenant rentrer dans l’école-charnier / cut / on la voit ressortir et on comprend l'horreur. —

On n'a pas besoin de quelque chose d’aussi visuel que ce que AV à proposer. Ça m'a vraiment dérangé dans mon expérience de spectateur, surtout que j'appréhendais déjà ce genre de scènes. Je ne sais pas encore si montrer l'horreur comme ça était un mal nécessaire mais en tous cas ça ne conviendra pas à tous les publics. 

Sinon je suis légèrement déçu par le scénario que je trouve simpliste. Chaque personnage à son arc narratif avec intro développement et conclusion (sauf le personnage de Vincent) et c'est un peu dommage. 

Notamment Hassane, celui avec qui elle se cachait, qu'elle finit par retrouver, le mec à fait 8 fois le tour de Panam, n’a pas de papier, est allé puis revenu d'Italie on sait pas pourquoi. Mais évidement, il est noir donc on le retrouve à vendre des Tour Eiffel (bonjour le cliché). C’est un peu con.

  On a aussi la méchante qui l'accuse de s'être enfermée dans les toilettes, qui se repent finalement en expliquant qu’elle projetait sa culpabilité vers Efira, que c'était elle qui était cachée. (avec la ressemblance physique on compris qu'elle projetait sa haine envers elle-même sur Efira). La aussi c'est con et dommage de pas laisser l'histoire en suspens, de ne pas nous montrer qu'il n'y a pas tout le monde qui guérit et qui est capable d'affronter la vérité (surtout que la c'est très peu subtil et on avait très bien compris).

  Sinon on peut noter en point positif la technique des corps des acteurs qui était très juste à mon goût, Efira sublime comme toujours, on remarque tout de suite une grande force d'évocation dans le jeu sans exagérer le "à fleur de peau". Benoît Magimel également, digne dans sa douleur, physique et mentale, qui mène son combat avec toute la hardiesse qu'il possède.

  On frôle quelques petits instants de grâces, je pense au moment où Magimel et Efira font l’amour, redécouvre leurs corps mutuels, c’est d’une beauté rare.

Un autre bon point que j'aimerais souligner est la qualité du son, des bruitages quel qu'il soit, des musiques également. Et puis il y a cette manière de prendre le son de très près, on a un fort effet de proximité, couplé au gros plan avec une toute petite distance focale et donc un flou d'arrière plan très prononcé et on obtient de magnifiques plans hyper intimiste, ça marche très bien. La photographie n'est pas en reste, grâce au plan que je viens de citer mais aussi aux nombreux réalisés de nuit comme l’affiche officielle. La plastique est à la hauteur.

Bref, je suis déçu par certains aspects du film, cette scène de violence extrême et sa simplicité d'écriture, même si des qualités techniques et artistiques nous permettent d’apprécier un film qui trouve certains moments touchants sans être bouleversant.

labousedeMirabal
5

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le 6 déc. 2022

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