Ce film est un vrai bonheur ; de beauté, d’intelligence, d’amitié, de générosité.
Barbet Schroeder filme son ami et peintre Ricardo Cavallo, qu’il connaît depuis 40 ans. D’origine argentine, Cavallo est « entré en peinture » à 16 ans. Depuis il peint sans relâche, où qu’il soit : du haut de sa chambre de bonne de Neuilly ou au pied des falaises de la grotte de Saint-Jean-du-Doigt, dans le Finistère. C’est descendant ces falaises qu’on le découvre en ouverture du film, en tenue de pêcheur, portant son énorme barda sur le dos, tel Van Gogh à travers la campagne. Il compose des fresques monumentales à partir de petites plaques carrées peintes sur le motif, qu’il juxtapose une fois rentré à sa maison.
Le voir peindre n’est pour Barbet Schroeder, qu’un prétexte à le rencontrer, à l’écouter, à partager son repas. C'est un portrait, mais c’est aussi un cheminement avec lui à travers l’histoire de l’art. Il nous fait redécouvrir des Vélasquez, Caravage, Delacroix, que l'on croyait connaitre, faisant apparaître des liens entre les uns et les autres. Toujours simplement, sans pédanterie. Ricardo Cavallo est un passeur. Etabli en Bretagne, il y a ouvert une école gratuite accessible à tous les enfants, avec générosité et un enthousiasme contagieux. Pour lui, la peinture n’est que le point de départ de son étendue humaniste, pleine d’humilité.
Superbement filmé, ce film est un éblouissement dont on n'a pas envie qu'il s'arrête.
Produit par "Bande à part Films" soit les quatre réalisateurs suisses Lionel Baier, Ursula Meier, Jean-Stéphane Bron et Frédéric Mermoud.