Sorte de carpe aphasique à la forêt capillaire de densité amazonienne, il est relativement difficile de résister au charme crépu de Zohan. Cette gueule d'ahuri attendrissante, véritable paysage à elle même qui éclipse la plage israélienne d'un clignement nonchalant de paupières. Si Dugan est un assez piètre metteur en scène, malgré le budget confortable, il sait flatter les excentricités comiques de Sandler. Au détriment, d'une scénographie rigide et d'une lumière qui confond régulièrement platitude télévisuelle et élégance cinématographique. Miser sur le rythme avec une caméra qui trémousse du boule constamment pour un cadre majoritairement pataud. Il semblerait que 90 millions de dollars ne soit pas une somme suffisante pour combler un découpage indigent. Visiblement l'influence de l'Herbe Verte anglaise est encore palpable sur le comportement stylistique hollywoodien. Sans cependant atteindre les sommets hystériques d'un Taken, Dugan n'hésite pas à encastrer trois plans dans une seule seconde ou dérouler aléatoirement la bague dentée du zoom dans l'espoir de sortir le pauvre spectateur de sa torpeur neurasthénique. Pour sauver les meubles on enfonce davantage le clou à l'aide de pirouettes yamakasi nous remémorant les plus sombres heures de la galaxie Besson. L'humour perdure et sauve, malgré tout, l'ensemble, souvenir ému de ce Sandler nageur dont on ne sait pas vraiment si l'ascendance tient plus du dauphin obèse ou du phoque gracieux.


Sandler en frondeur bas du front, balaye les frontières morales d'une gifle vigoureuse et centre sa comédie sur l'aride conflit israélo-palestinien. En résulte de caustiques répliques au patois douteux bien que savoureux. Mi-comédie potache mi-film d'action narcoleptique, l'acteur fait de son personnage une sorte de Superman juif, finalement plus Clark Kent que descendant kryptonien. Aux phalanges rugueuses le néo-hippie souhaite substituer des cheveux soyeux et souples.


Zohan dispose d'un casting efficace et qui est sans doute son meilleur argument. Sur la liste un Turturro manifestement friand du survêt improbable et en roue libre totale sur l'autoroute de l'hystérie. Ce bon vieux Rob Schneider, sous son épaisse moustache, est méconnaissable. Swardson en blondinet à la frisette complexée, excelle dans le pathétique cocasse. A une Mariah Carey près, la coupe au carrée aurait été parfaite.


Satyre corrosive, bien qu'un brin superficiel, du rêve américain, la fin du métrage fait suffisamment grincer des dents pour ne pas laisser indifférent. A cette ère de la comédie vulgaire, Sandler insère sa pierre salutaire à l'édifice. En ces temps difficiles de bien-pensance tyrannique sentant bon le puritanisme refoulé, voir ce regard de clébard tabassé et ces mouvements de rein sereins nous rassurent ne serait-ce que deux petites heures. L'avenir est sauf, Zohan le slip solide et le scrotum leste s'avère être un petit paternel des peuples chaleureux, so let's go.

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le 1 mars 2020

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