A jouer avec la mer(e), on attire les revenants...

Le principe horrifique de ce film est d'une simplicité enfantine : une VHS tue son spectateur, quel qu'il soit au bout d'une semaine. Une fois la vidéo regardée, une sonnerie de téléphone retentit. Au bout du fil, l'épée de Damoclès se dresse, promettant l'inévitable sentence, la mort par la terreur... Si l'on connaît fort bien le concept de Ring, faute à son massacre dans le troisième opus de Scary Movie, le film n'est pas moins efficace dans ce qu'il prétend offrir. Laisser sept jours à sa victime est d'une sournoiserie infinie. Celle-ci n'y croit pas, ne réalise jamais totalement que son temps de vie fond comme neige au soleil. Les jours s'écoulent mais le déni demeure, déni que l'on sait friable, sans absolue conviction. Cette semaine est d'ailleurs pareille au deuil d'une certaine manière ; la mort n'est pas une chose qu'il est réellement possible d’appréhender. La mort est toujours irréelle, elle transcende littéralement notre compréhension de l'existence. Ce n'est que lorsque le glas résonne que la frayeur survient. Non pas la frayeur qu'une œuvre cinématographique comme celle-ci nous distille mais l'indicible horreur, celle qui vous tord les entrailles jusqu'à l'effondrement de l'âme.


Ring est un classique de l'épouvante, nul n'en doute. La peur nous gagne doucement mais sûrement. Elle ne s'instigue pas en nous avec la lourdeur d'un found footage (de gueule) au rabais ou un slasher aussi débile qu'amusant mais avec une justesse tout à fait pertinente. L'ambiance se créée alors autour de sonorités grinçantes, de crissements sur le tableau et de plans à vous glacer le sang l'espace d'un instant. L'histoire, au delà de son excellent traitement vers l'horreur, n'a rien de bien fameuse. Ring n'en devient pas un mauvais film pour autant. Tout se suit d'un bloc sans que notre attention sourcille. Nous suivons une journaliste enquêtant sur cette mystérieuse affaire de cassette tueuse, de la découverte de sa réalité vers un dessein qu'on devine funeste. Entre théories et mysticismes, l'illusion découvre ses contours pas à pas tout en laissant quelques zones d'ombres qu'on oublie simplement par acceptation de la fiction.


Au final, l'expérience est en demi-teinte. D'un côté, Ring nous offre une dose tout à fait bienvenue d'horreur sans trop s'épancher sur son caractère racoleur, et de l'autre, quelques éléments scénaristiques un poil forcés ainsi qu'une linéarité sans surprise ne le rendent pas exceptionnel. Un incontournable, certes, mais pas un chef d’œuvre que voilà ; tout juste un moment satisfaisant connaissant de brefs mais intenses sursauts.

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le 7 sept. 2016

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Fosca

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