Comment devenir adulte ? Sauver sa vie d'une angoisse profonde qui nous torture et nous empêche ?
Ce que veut nous raconter Baechtold à travers ce voyage afghan réside dans ces deux questions.
Riverboom se glisse en fait dans un ruisseau assez fin prenant son lit entre la comédie, le reportage et le documentaire. Rien d'étonnant quand on comprend d'oú viennent nos trois protagonistes. Serge Michel, reporter pour le figaro, Paolo photographe de guerre et donc, notre réalisateur Claude Baechtold qui se greffera aux deux premiers non sans contraintes. Tous ayant entre 25 et 30 ans en 2002, un âge charnière dans la vie d'un jeune adulte.
Je dois le dire, je suis rentré dans la salle de cinéma avec méfiance, le ton potache du trailer et le lieux du tournage me faisait craindre deux choses :
- Un humour inefficace en décalage complet avec la situation, à la limite de l'incorrect.
- Et un ton paternaliste envers la population afghane, propre aux pays du Nord ouest quand il s'agit de traiter de ces sujets.
Hors il n'en est rien. Nos trois personnages sont des jeunes reporters, déjà extrêmement respectueux des us et coutûmes des afghans.
En fait, loin des BHL et des éditorialistes de plateaux, ils sont curieux, au début méfiants certes mais très ouverts. Ils ne servent pas un propos en particulier et avec une grande rigueur, ils s'attachent aux faits.
Et pourtant leurs jeunesses et leurs caractères transparaissent très bien à l'écran car leurs émotions ne sont pas feintes, leur humour non plus. Baechtold est inexpérimenté et ne s'en cache pas, ils utilisent ces "lost médias" avec brio pour nous rapprocher au plus près de la vie. (car oui les images ont bien été perdu pendant presque 20 ans) Si le film était sortie 20 ans plus tôt peut-être n'aurait-il jamais eu cet impact sur moi.
L'expérience désormais glané pendant ces années par le réalisateur servent abondamment le propos du film à travers un montage assez fin, oú on nous explique ce que l'on sait déjà, les USA se servent avant tout de cette guerre comme d'une réponse médiatiqud à Ben Laden sans se soucier des réalités du pays et de la population.
Et puis, il y a ces photos, que l'on ne verra pas dans les pages du figaro, qui fait la part belle au noir et blanc, qui s'oppose ici aux couleurs sublimes, joyeuses et touchantes de l'appareil pour touristes qu'utilise le réalisateur. Baechtold saisi des moments de vie, "vous n'imaginez pas tout ce qu'un photographe de guerre peut rater".
Souvent cette vision semble idéaliser mais la force des images videos rendent le tout trés réel.
Enfin il y a ce mélange avec les drames qui traversent l'existence d'un humain et celle des afghans, le personnage evolue et grandit à travers en mélangeant ses rèves au réel. Claude Baechtold admet que ce voyage lui sauve la vie, et sans nous sauver la vie peut-être que lui, aura sauvé notre journée en nous donnant son sourire et sa joie de vivre.