L'annonce du remake de RoboCop il y a de ça 6 ans avait déjà hérissé les poils des fans du chef-d'œuvre de Paul Verhoeven. Et puis il y a eu ces complications imprévues : tournage chaotique, changements d'acteurs en cours de route, reshoots innombrables, sortie repoussée. Bref, on n'attendait plus rien de cette refonte version 2014 d'abord confiée à Darren Aronofsky qui laissa finalement sa place au plus docile José Padilha (Tropa de Elite et sa suite). Alors que vaut au final ce produit marketing aussi impensable qu'inutile ? La réponse est dans la question, forcément...


Dans sa forme la plus simple, ce remake est une déception : scènes d'action épileptiques incompréhensibles, dialogues cousus de fil blanc, scénario morcelé dont les thèmes prioritaires semblent avoir été triés au lance-pierre, interprétation ringarde (aaah les grimaces de Joel Kinnaman), identité inexistante. On sent bien que ce pauvre Padilha n'a pas eu la vie simple lors du tournage, terrassé par des producteurs constamment insatisfaits qui ont progressivement remodelé son film.


Tout est juste moins bon que l'original (qui a quand même 27 ans, rappelons-le) : les thèmes abordés enlèvent toute puissance narratrice, l'émotion est au rabais, la musique passe par une oreille et ressort par l'autre, le gore si impressionnant du film original passe clairement à la trappe, l'enquête principale de notre robo-flic passe au second plan et voit son dénouement atterrir comme un cheveu sur la soupe... Bref, on grince trop souvent des dents. Toutefois, contrairement à bon nombre de remakes, il y a de bonnes idées qui, si elles ne sauvent pas le film, peuvent d'être soulignées : le choix de se concentrer sur les difficultés de notre héros à accepter sa condition est intéressant bien que cela ne vaut nullement la douloureuse situation qu'il endure dans le film de 1987.


Autres idées bienvenues : la corruption au sein-même de la police et la mise en place de robots déjà existants de par le monde. Pour le reste, la coéquipière Anne Lewis devient Jack Lewis (le changement de sexe, si ça c'est pas de l'originalité), le mémorable bad guy Boddicker est remplacé par un troufion que l'on ne verra que pendant deux scènes et toute atmosphère de danger est écartée avec cette désagréable impression que ce nouveau RoboCop n'a pas grand chose d'exceptionnel si ce n'est repérer les méchants et les intimider. En somme, un remake forcément raté et dispensable qui mérite néanmoins le visionnage, ne serait-ce que pour aduler plus encore l'immortel chef-d'œuvre de Verhoeven.

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le 2 avr. 2019

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