ROBOCOP. 50% Homme, 50% Machine, 100% Flic. Un film considéré comme cultissime, deux suites considérées comme en-deçà du premier, un héros adulé par les gosses des années 80 alors qu'il venait à la base d'un film ultra violent, des produits dérivés de plus ou moins bonne facture et un reboot que tout l'monde a décidé de détester. Je dis ça comme si c'était une évidence et pourtant, jusqu'à présent, je n'avais jamais touché à un seul truc lié de près ou de loin à cette licence, malgré son statut culte dans la pop culture.


C'est également un film important puisque c'est le premier film Américain (mais pas le premier film tout court) réalisé par Paul Verhoeven, un gars qui est loin d'être une petite pointure dans le milieu du cinéma, ça c'est sûr (pour vous donner une petite idée du gars, c'est aussi le réalisateur de petits films pas très connus, comme Starship Troopers ou encore Total Recall ^^). Pourtant, là aussi, je n'avais jamais vu ce qu'il avait produit jusqu'à présent. De même pour les acteurs d'ailleurs, mais eux, j'y reviendrai plus tard. Bref, dans ces conditions et m'étant acheté le coffret Blu-Ray contenant la trilogie originale qu'il a engendré, c'était l'occasion pour moi de rattraper ces deux lacunes.


Eh ben. Cette remise en contexte était drastiquement courte comparée à ma précédente critique. Ça… Change on va dire ha ha. Ce qui change moins par contre, c'est de commencer à nouveau la critique par lire le synopsis tiré de l'arrière de la boîte que je tiens, là encore, entre mes mains : "Fin du 20e siècle. Bienvenue à Détroit, ville du cauchemar, devenue totalement incontrôlable. Les criminels mettent la ville à feu et à sang. Les dirigeants sont corrompus et la police officiellement incapable d'enrayer la montée de la violence. Il reste une dernière chance : RoboCop, flic mi-homme mi-robot créé à partir du corps d'Alex Murphy (tous deux joués par Peter Miller, qui a également incarné l'Amiral Marcus dans Star Trek Intro Darkness) policier mort en service. Indestructible et puissamment armé, RoboCop nettoie la ville de Détroit avec une efficacité redoutable. Mais si ce flic a l'apparence d'une machine, il n'en possède pas moins l'âme d'un homme, hanté par son passé et décidé à se venger".


Déjà, ce film fait clairement parti de ceux dont le scénario semble pas voler haut à première vue, mais qui, en réalité, se veulent extrêmement intelligent via différents sens de relectures. Ainsi, Paul Verhoeven a réussi avec ce film à nous pondre de nombreuses critiques bien senties sur différents sujets. Que ce soit sur les États-Unis via son regard d'étranger (avec par exemple, les médias à grand spectacle dans lesquels les présentateurs sourient en discutant de catastrophes horribles, le système hospitalier Américain où la sécurité sociale n'est pas accessible à tous ou encore la possession d'armes à feu qui n'est pas assez encadré), du cinéma Hollywoodien (notamment par rapport à certaines personnes produisant des œuvres uniquement dans un but commercial sans envisager le côté artistique pendant une seconde), de ces grosses sociétés puissantes voulant posséder tout (comme Monsanto, Disney ou le Groupe Bolloré) ou encore de la banalisation de la violence au point que ça ne nous fasse plus rien (encore une fois, le cas des médias et des présentateurs susmentionnés plus haut sont entièrement parlants concernant cet état de fait), voire carrément que ça nous amuse (ce que l'on peut voir dans la fameuse scène où le pauvre Murphy se fait massacrer par Clarence J. Boddicker [joué par Kurtwood Smith, connu également pour avoir interprété Vernon Masters dans Agent Carter] et ces hommes de main, qui est choquante pour la violence qui s'en dégage, mais qui est surtout effrayante quand on voit comment les bourreaux prennent du plaisir à voir le policier se transformer en steak tartare en usant de leurs flingues), le tout accompagné de l'interrogation sur le transhumanisme et sur ces dérives. Le plus fort étant que ces sens de lectures sont tellement bien travaillés qu'ils permettent au film d'être encore moderne sur ces questions et problématiques aujourd'hui et d'être même prémonitoire par moment.


J'en profite également pour applaudir le film concernant l'écriture de ces personnages, qui est tout aussi intelligent et sur lesquels je n'aurai pas grand-chose à dire, si ce n'est que je le féliciterai pour le personnage de l'officier Anne Lewis (jouée par Nancy Allen, pour laquelle je ne connais hélas aucun film dans lequel elle aurai pu jouer) qui est probablement un des meilleurs personnages féminins d'un film des années 80 que j'ai pu voir, aux côtés d'Ellen Ripley. Personnage qui prouve que non seulement des femmes badass et compétentes dans la fiction, ça existe, mais qu'elles peuvent aussi très bien participer à une aventure sans forcément tomber amoureuse du héros ou sans forcément finir en couple avec un autre personnage masculin.


Les acteurs sont eux aussi parfaits dans leur rôle respectif. Que ce soit Peter Weller, Nancy Allen ou tout autre acteur que je me refuse de citer pour ne pas vous gâcher la surprise de leur présence. Je tiens tout de même à faire une mention spéciale pour Kurtwood Smith, qui se lâche dans son rôle de méchant sadique à la fois tueur de flic psychopathe et dragueur sans retenu lâchant des punchlines digne d'un héros badass typique d'un bon vieux film d'action (tiens tiens, une autre potentielle critique peut-être ?).


Je n'ai également rien à redire sur la mise-en-scène du film, ainsi que sur sa musique, qui sont toutes les deux parfaites. On en est à un point où le thème principal du héros principal est devenu une des musiques les plus cultes du cinéma. Pour le coup, Monsieur Basil Poledouris, où que vous soyez, sachez que vous pouvez être fier de vous. Votre talent nous manquera.


Je reste aussi admiratif devant les effets spéciaux, qui sont excellents. Que ce soit les blessures, les explosions (qu'elles soient de sang ou de feu) ou le costume de RoboCop, on y croirait presque. Le seul défaut parmi toute cette réussite vient de ceux utilisés pour donner vie aux ED-209, qui ont malgré tout pris un coup de vieux. Car étant animés en stop motion, on remarque assez facilement qu'ils se déplacent… Bizarrement, comparés aux acteurs.


Je terminerai enfin sur un petit message pour dire que la VF du film est également excellente (n'en déplaise à Durendal surtout pour le message qu'il mentionne et qui fonctionne tout aussi bien en VF, mais bon là je digresse), mais elle n'est pas parfaite, car on peut lui reprocher la suppression d'insultes bel et bien présentes en VO, pour être remplacées par des trucs plus "gentillets" (on a par exemple un bon gros "Fuck you !" des familles remplacé par un "Va te faire huiler !" des plus fendards).


Ainsi, je dirai donc pour finir que RoboCop mérite amplement son titre de film culte et que cela ne vient pas de nul part. Je ne peux en revanche pas dire en mon âme et conscience qu'il est parfait, car il a malgré tout deux défauts que j'ai mentionné plus haut, mais ça reste bien minime comparé à la générosité dont a fait preuve Verhoeven en nous pondant cette grandiose pépite. En bref, c'est un de ces films à regarder absolument si vous ne l'avez pas encore vu et à reregarder si c'est déjà le cas, tant c'est un pur plaisir cinématographique. Reste désormais à voir si les suites seront du même niveau ou si elles saliront la dite-pépite...

AlexioDeblou
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le 21 févr. 2020

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