Big RoboFight
Revoir ce film en DVD me replonge dans une sorte de bain de jouvence, au tout début des années 90, époque où j'étais un dévoreur de films, à l'aube d'une décennie 90 qui a été d'une richesse énorme...
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le 17 oct. 2019
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Sorti en 1990 et réalisé par Irvin Kershner, Robocop 2 avait pour mission impossible de succéder au 1. Le premier Robocop (1987) est un film culte des années 80 et on sent bien que la mise en chantier d'une suite est purement motivée par l'aspect mercantile. Et comme en plus Paul Verhoeven n'est pas de retour derrière la caméra, on pouvait craindre le pire. Irvin Kershner n'étant pas Paul Verhoeven, le film perd tout de son côté irrévérencieux. On y perd beaucoup en humour et en second degré. Le film est aussi plus mou, plus lisse et moins percutant que le premier Robocop. On sent qu'Irvin Kershner, alors vieillissant, fait le strict minimum. Ce sera d'ailleurs son dernier film avant de prendre sa retraite. Seule bonne nouvelle, Phil Tippett est de retour aux effets spéciaux. Le design des nouveaux robots est très réussi et l'animation en stop motion produit encore son petit effet. Moins bonne nouvelle, Basil Poledouris n'officie plus à la BO et ça, c'est fort regrettable.
Le scénario de Robocop 2 ne révolutionne pas grand chose. On est de nouveau à Détroit et depuis les évènements du premier film, les choses ne vont pas beaucoup mieux. Détroit étant une ville très endettée, les policiers ne sont plus payés et font grève. La criminalité augmente et ne nouvelle drogue, la (ou le) Nuke, envahit les rues de la ville. C'est Cain (Tom Noonan), un caïd psychopathe, qui contrôle la distribution de cette nouvelle drogue. Le maire (Felton Perry) se voit alors contraint de plier devant les désidératas de l'OCP, qui tente une OPA sur la ville. Le projet de l'OCP, c'est de mettre de côté Robocop pour imposer un nouveau modèle de cyborg, mais toutes les tentatives échouent. C'est alors que le Dr Juliette Faxx (Belinda Bauer) réussie à imposer son concept de cyborg, qui consiste à prendre le cerveau d'un grand criminel, a savoir Cain, pour le mettre dans une machine surpuissante, car lui seul pourrait supporter la procédure.
Le script du film est indigent et la mise en scène est franchement indigeste. C'est là, la grosse différence avec le premier film. Et puis, le thème musical de Basil Poledouris manque terriblement. Robocop est filmé ici sans envergure, alors qu'avec Paul Verhoeven, Robocop avait une vraie stature. Aprés, c'est un peu vain de vouloir comparer Robocop 2 avec son prédécesseur, tellement il y a un monde entre les deux films. En fait, cette suite ne vaut que pour les prouesses de Phil Tippett. Le combat final entre Robocop et Cain/le cyborg fou est franchement bien fichu. Pour de la simple stop motion, ça passe étrangement (très) bien. L'autre séquence en stop motion qui marque les esprits, c'est lors du test des nouveaux cyborgs. Ils se "suicident" tous de façon très graphique et stylisée et c'est assez drôle aussi. Les seules scènes inventives du film, il faut donc aller les chercher du côté de la stop motion de Phil Tippett.
Avis personnel, toute l'intrigue qui tourne autour du gamin caïd ne fonctionne pas du tout. Quant à Alex Murphy/Robocop, il est sacrifié au profit de scènes complètement grotesques. Dans le 1, on le voyait se mettre à la recherche de son passé, dans des scènes très touchantes et parmi les plus réussies du film. Là dans le 2, plus rien. Il n'y a plus aucune scène qui puisse rendre Robocop attachant et il ne se dégage aucune émotion du film. Et tout le côté subversif et satirique du 1, que l'on devait à Paul Verhoeven, a complètement disparu dans le 2. Ne cherchez pas non plus la moindre critique du capitalisme américain, il n'y en a pas. Il n'y a aucune seconde lecture, tout est premier degré, sans réflexion poussée, sans profondeur.
Sont de retour dans Robocop 2, de nombreux acteurs du 1, à commencer par Peter Weller dans le costume de Robocop. On ne peut vraiment rien lui reprocher, car il donne toujours autant de sa personne, mais l'écriture du film est assez indigente le concernant. La faiblesse du scénario se voit aussi et surtout dans le personnage de Nancy Allen, qui ici est complètement reléguée au second plan. Quand à Dan O'Herlihy, qui reprend son rôle de patron de l'OCP, il n'est pas beaucoup mieux loti. Il faut tout de même mentionner un petit nouveau, Tom Noonan qui est toujours très bon quand il joue le méchant de service. On le connait surtout pour son rôle de tueur en série dans Le Sixième Sens de Michael Man et même s'il est toujours cantonné dans des seconds rôles, il arrive toujours à tirer son épingle du jeu. Mais là encore, le scénario de Robocop 2 ne lui laisse pas assez de place.
Bref, Robocop 2 est à l'image de Predator 2, une suite qui n'est pas (totalement) honteuse, mais qui souffre terriblement de l'aura de son prédécesseur. Et si le 2 est largement moins bon que le 1, le 3 c'est encore pire ...
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de science-fiction, Les meilleurs films des années 1990, Mon top 10 des suites de trop, Les plus mauvaises suites de films et Les meilleurs derniers films de réalisateurs
Créée
le 11 sept. 2025
Modifiée
le 11 sept. 2025
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2 commentaires
Revoir ce film en DVD me replonge dans une sorte de bain de jouvence, au tout début des années 90, époque où j'étais un dévoreur de films, à l'aube d'une décennie 90 qui a été d'une richesse énorme...
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le 17 oct. 2019
31 j'aime
40
Cette critique fait partie de la liste "Un film, des scénarios".https://www.senscritique.com/liste/Un_film_des_scenarios/1510143 La critique: Robocop 2 mérite bien plus que cette triste réputation...
le 20 févr. 2016
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Robocop 2 ou le politiquement incorrect plein l'écran, avec un gosse amateur de flingue et qui se fait dessouder ! Avec plein d'idées à la Frank Miller bien trash et violente, avec le supplice de...
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