Robot Wars
3.8
Robot Wars

Film de Albert Band (1993)

Si ce n’est Lee, c’est donc son frère !

Dans l’univers de Charles Band, rien ne se perd tout se recycle. Après avoir essuyé le revers critique et financier de Robot Jox et digérer la faillite, le producteur remettra le couvert avec sa nouvelle société la Full Moon Features. Le magnat aura cru bon de capitaliser en produisant une fausse suite intitulée Synthoïd 2030 qui n’avait rien en commun avec son prédécesseur si ce n'est un mécha quelque peu grippé. Les robots de David Allen seront donc encore une fois exhumés de terre, et la mission sera cette fois-ci confiée au chevronné Albert Band (Ghoulies 2, Prehysteria, Doctor Mordrid).


Le jour d’après


Près de 15 ans avant que Michael Bay n'en fasse sa nouvelle marotte (Transformers), Robot Wars proposait de faire du tourisme post-apocalyptique à bord de mécha. En prenant pour toile de fond un contexte de Guerre Froide, le scénario enjoint ces deux blocs (orientaux et occidentaux) que tout oppose à nouer des relations commerciales en dépit d’une confiance assez relative. Ce background servira de cache misère et de prétexte à l’élaboration d’un récit science-fictionnel ne sortant jamais des sentiers balisés. Car pour la famille Band, il s’agissait surtout de proposer un divertissement pouvant aussi bien plaire aux enfants qu’aux plus grands.


En 2041, des touristes fortunés affluent en masse pour découvrir une ville épargnée par la dernière guerre nucléaire ayant réduit l’Amérique à néant, ou plutôt en un vaste désert jonché de ruines et de cratères encore fumants. Les États-Unis et les droits de l’Homme ne sont qu’un lointain passé, et les robots qui s’affrontaient jadis sur les champs de batailles servent désormais de véhicule de croisière, afin d’acheminer la clientèle à bon port. Le temps n’est pas à la paix pour autant, et les pilotes doivent ponctuellement faire face à la répression des Centros, qui les attaquent à coup de chars et de fusils laser, et qui aimeraient bien mettre la main sur leur armement puisque cela revient finalement pour eux à tirer au lance-pierres.


L’Alliance du Nord souffre néanmoins de la récession économique malgré le tourisme de masse (ou est-ce de la cupidité ?) et tente d’exporter son modèle de robot scorpion à des hauts dignitaires asiatiques, visiblement plus intéressés par le potentiel guerrier de la machine que pour ses attributions logistiques. On doute évidemment du bien fondé de leurs intentions. Et si ce n’est Lee, c’est donc son frère qui fomentera un coup d’État pour mettre la main sur l’engin et le retourner contre les américains. Le capitaine Drake se verra forcer de déployer ses muscles, d’avaler un shot de tequila et de déterrer un ancien modèle pour s’opposer à la destruction de ce no man’s land désertique, qu’ils osent appeler «monde libre».


Il faut battre le chinois tant qu’il est chaud


Charles Band aura donc bien compris la leçon et évite désormais de mettre tous ses œufs dans le même panier. Si Robot Jox s’était peut-être vu un peu trop grand, son huit-clos Synthoïd 2030 souffrait quant à lui d’un réel manque d’ambition. Le producteur a donc cherché le juste milieu avec ce Robot Wars souffrant de la comparaison avec l’œuvre de Stuart Gordon, mais disposant tout de même d’assez de charme pour se doter d’un fort capital sympathie.


On y retrouve Barbara Crampton, fidèle égérie du studio, dans le rôle d’une archéologue forte de ses convictions, vouée à tomber dans les bras d’un héros au charme de phacochère. Don Michael Paul est parfait dans le rôle du pilote arrogant, entre ses frasques, déboires et démonstrations à la hauteur de son ego démesuré. L’acteur est également accompagné d’un side-kick comique mécano passant le plus clair de son temps à lui courber l’échine. Ensemble, les deux compagnons tueront des talibans dans le désert en imitant John Wayne (The Alamo) histoire de passer le temps entre deux bières. Ne manque plus que les camps de Guantanamo remplis de Centros torturés et encagoulés pour parfaire ce chef d’œuvre «d’anticipation».


C’est aussi dans le caractère de ses protagonistes et la description de cet univers dystopique que l’on s’aperçoit que le film a bien une bonne dizaine d’années de retard à sa sortie en 1993. Et alors que les spectateurs ne jurent plus que par les dinosaures en image de synthèse de tonton Spielberg, Robot Wars ne pouvait décemment pas rivaliser sur le même tableau.


Mais le charme que lui confère ses effets en stop motion aura peut-être le mérite de vous faire retomber en enfance le temps de la projection. Le père Band sait redoubler d’ingéniosité dès qu’il s’agit de palier aux contraintes budgétaires de l’entreprise. Le bougre parvient ainsi à toucher l’imaginaire du spectateur grâce à une débauche d’effets artisanaux, comme ces secousses opérées dans le cockpit ou le compartiment passagers digne de l’attraction Star Tours à Disneyland Paris, censées restituer les turbulences d’un combat intense. La sincérité est assez désarmante, pour peu que vous soyez bons clients.


Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !

Le-Roy-du-Bis
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le 26 juil. 2024

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