Premier épisode de la franchise en stand alone, Rogue One devait trouver sa place pour d'abord rentabiliser l'investissement de Disney et ensuite respecter une mythologie pour laquelle les fans vouent un véritable culte. Et sans en faire un chef d'oeuvre, Gareth Edwards nous livre un divertissement de très bonne facture, respectueux du matériau d'origine en sachant s'en détacher un minimum.
Dès les premières secondes, le décor est planté : pas de texte défilant jaune, thème musical absent. On rentre dans le vif du sujet avec l'introduction de l'héroïne de cet épisode - Felicity Jones charmante et rafraîchissante - et des évènements traumatiques auxquels elle va devoir faire face. C'est simple, c'est efficace et ça démontre l'envie du réalisateur de s'extirper du carcan original, chose assez complexe s'il en est lorsqu'on voit ce que certains fans ont pensé de l'épisode 7, copie quasi conforme de l'épisode 4.
Pourtant Rogue One fait des clins d'œil joue avec les souvenirs du spectateur (grâce à l'utilisation de CGI qui semble assez douteuse parfois et qui risque de ne souffrir de l'évolution technologique avec le temps) et introduit donc la fameuse équipe qui a réussi l'exploit fou de dérober les plans de l'étoile de la mort des mains de l'empire. Rogue One, c'est l'équipe qui amorcera les épisodes de la trilogie originelle. Si on devine aisément que chaque personnage aura un rôle bien précis et qu'on laisse encore une fois le rôle de sidekick rigolo à un robot aux punchlines bien senties, il n'empêche que l'alchimie opère et qu'on sent bien que toute l'équipe du film a voulu bien faire.
C'est un sentiment d'autant plus appréciable lorsque les résultats sont là. La touche rétro des designs de l'épisode 4 vient se coupler à des effets spéciaux très réussis qui font toutefois la part belle aux décors réels : pas d'orgie d'écrans verts ici, ce qui rend le film plus vrai et plus intimistes dans ses décors. La bataille finale notamment, permet justement de donner au spectateur cette madeleine de Proust tout en améliorant les visuels et rendant les scènes plus fluides et plus grandioses. Et l'utilisation mesurée du grand méchant au casque noir viendra satisfaire les plus grands fans de la saga.
Bien sûr, le film n'est pas dépourvu de défauts et la vache à lait "Star Wars" relance à peu près les mêmes recettes à chaque sortie. Mais, une fois n'est pas coutume en cette année 2016 décidément bien pauvre en ce qui concerne la qualité des divertissements à grand spectacle des majors, le travail est plutôt bien exécuté. On ne manque pas certains poncifs du genre avec notamment du destruction porn dans toutes les scènes d'action et certains acteurs qui surjouent (coucou Forest). Pourtant, le pouvoir de séduction de Rogue One opère, on se laisse prendre au jeu ; on en redemande même.