McT ayant déjà tâté du remake (l'excellent Thomas Crown en 1999), il décide de s'attaquer au mythique Rollerball de Norman Jewison.
Malgré l'excellence -aux dires de ceux qui l'ont lu- de la première mouture du script de ce remake, McT n'apprécia pas le trop plein de critiques sociétales qui en ressortait (pourtant la raison d'être de l'original).
Il fit donc réécrire le script de Larry Ferguson par John Pogue pour y injecter plus de séquences du jeu Rollerball, en s'inspirant des shows du "bling-bling" de la WWF (le catch, pour les distraits).
McT s'imagina (à tort) que le public actuel serait plus friand de scènes d'action que de paraboles sur une société malade du XXIe siècle...


Une fois satisfait du scénario, McT entame le tournage de son 11ème film pour le cinéma.
Après 3 mois et demi, son workprint est soumis à un panel de spectateurs (les fameuses projections-test)...et c'est une catastrophe !


La MGM (qui produit et distribue le film) tente une nouvelle présentation dans une salle de Long Island (la précédente ayant eue lieu à Las Vegas)...et les réactions ne sont guère mieux.
Le film y est décrit comme mauvais (y compris les scènes d'actions, un comble pour l'un de ses meilleurs représentants) mais au moins, s'y trouve une violence crûe et beaucoup de nudité.
Il faut dire que ce Rollerball 2002 avait été pensé comme un film classé "R" (interdit aux mineurs non accompagnés).
Ainsi, les images montrant des crânes broyés ou des membres arrachés disparaissent sur le sol de la table de montage.
Quant aux scènes trop explicites (corps nus), il seront où impitoyablement biffés du film ou alors modifiés via des retouches digitales (genre rajout d'ombres sur les parties exposées, comme la scène du vestiaire).


Devant ces deux projections de mauvaises augures, la MGM intime à McT de revoir son montage et même de tourner de nouvelles séquences.
En attendant, la sortie du film est repoussée à Juillet 2001...


McT ne sait pas encore que le responsable marketing du studio vient d'être remplacé par un nouveau.
Celui-ci prend 2 décisions:
-la première (positive pour le réalisateur) est de décaler la date de sortie en fin d'année 2001, ce qui laissera le temps à McT de revoir sa copie,
-la seconde s'avèrera moins chouette, car Rollerball va passer du "R" initial (film réservé à un public averti) au tristement célèbre "PG-13" (soit grand public, ça rapporte plus d'argent)...


La post-production s'attardant quelque peu, la MGM décide que Rollerball sera distribué en Février 2002.


Après que McT ait drastiquement adouci son montage, il lui est offert 2 semaines de tournages en plus pour modifier la fin du film (trop confuse aux yeux des exécutifs).


Plus de 30 minutes furent ainsi supprimés du métrage original et comme le point de retour avait été dépassé, la B.O de Brian Transeau fut dégagé et remplacé par le score de notre compatriote Eric Serra (il semblerait que le style oriental de Transeau n'ait pas plu aux exécutifs...).


Le film sortit donc le 8 Février 2002 et ce fut...ben un flop artistico-fiancier de haute volée aux USA.
Voyez donc:
-le budget du film (tout compris) a été de 70m$,
-les recettes dégagées ont été de 18M$ !


Quant à l'international, ça n'a rapporté que moins de 7M$.
Avec le cumul US, le film n'a même pas remboursé la moitié du budget du film...


Certes, ce n'est pas toujours les recettes qui font foi quant à l'aune d'un long métrage.
D'autres ont aussi été des fours astronomiques mais ont gagnés leurs galons "cultes" de par leurs qualités.


Mais Rollerball 2002 est aussi un très mauvais film, louchant du côté du pire épisode de Fast & Furious (pour le clinquant et la connerie).


Quasiment rien n'est à sauver de ce Titanic filmique:


-la réal de McT a été bien plus inspirée par le passé (ainsi que son flair habituel, si l'on excepte son pas terrible Medicine Man),


-l'histoire tourne à vide car ça ne raconte rien,


-le jumelage "Fast & Furiousien" (gros bolides, chaines en or...soit le capitalisme à outrance) est complètement inutile,


-les acteurs sont peu concernés par leurs rôles (sauf Rebecca Romijn qui s'en sort un tout petit peu mieux), mention spéciale à notre Jean Reno national qui fait n'importe quoi,


-les scènes de Rollerball sont montées avec des moufles et ne dégagent absolument aucune violence (du coup, l'original fait figure de film absolu)...


Bref, ce remake est une erreur industrielle, auquel McTiernan n'est pas totalement étranger (son choix de faire un show débile handicapa sérieusement le concept d'origine) et m'est avis que ce long métrage raté, n'accèdera jamais au rang de film culte...


James Caan peut dormir tranquille, son Jonathan E. restera à jamais dans les mémoires.
Quant à Rollerball 75, il trône toujours sur son piédestal...intouchable !

Créée

le 28 févr. 2017

Critique lue 946 fois

8 j'aime

The Lizard King

Écrit par

Critique lue 946 fois

8

D'autres avis sur Rollerball

Rollerball
archibal
6

Comme sur des roulettes (russes)

Le bashing du film se comprend mais je le trouve excessif, le fait qu’il s’agisse du remake d’un film culte des années 70 n’a pas dû plaider en sa faveur. On ne peut pas nier que le film soit devenu...

le 14 sept. 2022

9 j'aime

7

Rollerball
Franck_Plissken
3

Rollerbeauf.

McT ayant déjà tâté du remake (l'excellent Thomas Crown en 1999), il décide de s'attaquer au mythique Rollerball de Norman Jewison. Malgré l'excellence -aux dires de ceux qui l'ont lu- de la première...

le 28 févr. 2017

8 j'aime

Rollerball
Maxime_T__Freslon
1

S-A-B-O-T-A-G-E !

A partir des années 2000, les remakes de film culte, en horreur comme dans d’autres genres, sont revenus à la mode à Hollywood et parmi ces projets, John McTiernan dont le nom est surtout nommé pour...

le 1 juin 2016

7 j'aime

5

Du même critique

Halloween Kills
Franck_Plissken
8

Reflect: The Shape on Myers

Après le succès du H40 (2018), le duo Green /McBride se mirent à l'écriture du chapitre suivant dans l'optique de filmer Halloween Kills et Halloween Ends à la suite, pour économiser les coûts. Mais...

le 15 oct. 2021

34 j'aime

24

Get Out
Franck_Plissken
8

Puppet Masters

Impressionnant... Œuvre maitrisée avec un excellent Daniel Kaluuya sous l’œil avisé de Jordan Peele, Get Out nous plonge très rapidement dans un malaise diffus et ce, dès lors que le couple...

le 11 mai 2017

33 j'aime

22