Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "je suis curieux de voir ce film."
Attention, je spoile alégrement.


Scénario :
Vous êtes une jeune femme. Votre nouvel appartement est super creepy et il circule des rumeurs de morts inexpliquées depuis sa construction. Vos voisins sont chelous et hyper envahissant. On les entend chanter des trucs bizarres de temps en temps. Leur bonne s'est suicidée. Ils vous offrent un collier bizarre qui sent mauvais. Votre mari n'est plus le même depuis qu'il les fréquente.


Vous êtes enceinte depuis une soirée bizarre où vous avez rêvé de satan. D'ailleurs votre mari est un gros con qui se marre parce qu'il a couché avec vous alors que vous dormiez. (Ça s'appelle du viol conjugal.) Depuis votre grossesse vous avez des envies de bouffer de la viande cru. Votre bébé vous fait super mal et au lieu de grossir vous semblez avoir perdu du poids.


.... Nous avons une mauvaise nouvelle pour vous.



En tant que sujet d'étude :



J'avais envie de voir Rosemary's Baby à cause de l'histoire autour de ce film et des grosses marques d'ironies dramatiques (et méchamment glauque) qui l'on parsemé.


En effet, par curiosité morbide, j'avais envie de voir ce que n'avait pas aimé Charles Manson et sa secte de drogués sataniques au point de se ruer dans la demeure de Polanski et d'y tuer sa femme enceinte et ses amis ? Je pense que c'est sa tonalité comique. Car l'angoisse de ce film est quand même pas mal teintée de grotesque : le film montre quand même des vieillards sympathiques, vêtus de tenues bariolées, qui font du tricot et des gâteaux, être en réalité une secte satanique. Et il arrive très bien à jouer avec les deux plans, tantôt inquiétant, tantôt stupide, y compris dans la scène finale qui mêle complètement les deux. Alors, je suppose que ça doit être scandaleux lorsque tu vénère satan... ou lorsque tu as pris plein de substances illicite et que tu vois des messages cachés appellant à la révolution dans les disques de John Lennon. Le même John Lennon qui se fera assassiner devant l'immeuble du film vingt ans plus tard.


J'avais un autre détail qui relève de l'ironie glauque mais en fait, c'est plutôt du faux-culisme. Au début du film, le mari de Rosemary a l'air plutôt sympa, même s'il est distant à cause de sa carrière. On commence à trouver que c'est un vrai connard après la scène de viol que vit Rosemary alors qu'elle est droguée par une substance qu'on avait mis dans sa nourriture. Il explique qu'il a couché avec elle, mais que bon, hein, c'est pas grave, c'est sa femme, il avait envie et puis il blague en disant c'était pas si agréable que ça pour lui non plus. Bref, il se justifie de ce qui constitue un viol et à partir de là, le film va nous montrer que c'est un abruti fini et ne le lâchera plus.


D'ailleurs, on apprendra qu'il a littéralement vendu le corps de sa femme à Satan pour pouvoir jouer dans une pièce de théâtre.


Or, pourquoi Roman Polanski est-il en fuite depuis des années ? Pour avoir couché avec une mineure après l'avoir droguée... et le gars se défend en disant "ouais, bah, c'est pas siii grave que ça, et puis elle avait l'air consentante, et pi c'était y a longtemps, et puis un, bon, hein." Comme le personnage de son film, qui ironiquement, n'a plus pour ligne de défense qu'il est quelqu'un de talentueux et que ça justifie tout.


Ha et dans l'ironie glauque on pourrait parler de Mia Farrow et de ce qu'elle a vécu avec Woody Allen, mais on va parler d'un seul réalisateur-violeur à la fois.



Mon avis personnel :



Le pire, c'est qu'une fois que t'oublie tout ça... le film est bien.


Quoique, ma copine m'a répété plusieurs fois au cours du film : "on voit bien que c'est un mec qui a réalisé ça" (elle ignorait pour Polanski) à chaque fois qu'il y avait une réflexion misogyne ou une attitude déplacé envers Rosemary. Mais c'est bien plus lié au reflet de la misogynie de la société américaine des années 60 : les femmes faisaient la vaisselle après le repas (y compris celles qui étaient invités) elles tenaient la maison pendant que le mari allait bosser, même lorsqu'elles étaient enceinte etc. C'est d'ailleurs pour cela que malgré les indices évident que quelque chose de louche se trame, Rosemary en parfaite femme au foyer catholique, continue à obéir à son mari, ne pense jamais à s'indigner et ne s'enfuit que très tard dans le film. Elle est d'ailleurs tellement une "femme au foyer" qu'elle fait l'erreur à la fin du film, de croire qu'elle est à l'abri dans son propre appartement.


C'est d'ailleurs intéressant de voir qu'en pleine période hippie et MLF, les seules qui viennent en aide à Rosemary sont des amies jeunes et branchées, tandis que celles qui lui font du mal sont des vieilles personnes. Le film marque inconsciemment le mouvement de libération de la femme et les transformations à venir.


Après, la réalisation est chouette : il y a des vrais moments d'angoisses, des beaux plans et les scènes de rêves sont assez géniales. Polanski est assez bon pour instiller une angoisse dans un quotidien qui a l'air en apparence normal (je pense à Frantic) et si le film met vraiment du temps à décoller, on ne s'ennuie jamais.

le-mad-dog
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le 6 juin 2018

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