Rosetta, c’est un film qui ne lâche pas une seconde son actrice principale.
Pendant tout le metrage on suit Rosetta quasiment collé à son dos ou à son visage, caméra au poing et dès la première scène on comprend que la vie ne lui fait pas de cadeaux
Entre une mère alcoolique qu’elle doit gérer comme une enfant, mère qui se prostitue avec le proprio du camping pour garder leur emplacement, les galères de Rosetta pour trouver un boulot “normal”, la douleur de ses règles qui la mettent KO… Rosetta est en lutte permanente.
Elle se bat pour ne pas “tomber dans le trou” comme sa mère. Elle fait tout pour réussir à gagner sa vie honnêtement, sans voler, sans magouiller, sans dépendre de personne.
Mais les frères dardenne en ont décidé autrement : à chaque fois qu’elle croit enfin tenir quelque chose (un job, une amitié ou autre) tout s’écroule.
Elle pense avoir trouvé un travail : on la jette. Elle pense trouver un ami : elle doit le trahir pour survivre.
Elle en arrive même a penser au pire, presque prête à provoquer un drame pour avoir un emploi.
Au bout d'un moment j'ai un peu decroché car je me suis dit : “On a compris que sa vie est une bataille… le film veut-il nous raconter quelque chose de plus ?” parce ça m'a sembler tourner un peu en rond.
On a l’impression que Rosetta va juste avoir de la malchance en boucle et que le film va se contenter de répéter que c’est la galère pour les laissés-pour-compte.
Mais malgré ce côté répétitif, on reste accroché grâce à la mise en scène : cette caméra collée à elle, les gros plans, la respiration, les silences et grâce à l'interprétation d'Emilie dequenne… On est littéralement dans sa lutte.
Émilie Dequenne est parfaite, elle n’est pas forcément attachante car elle n'est pas “aimable” du fait de sa situation qui l'a rendu dure, tendue, mais on sent sa fragilité sous la carapace. Et je trouve que c’est ce qui fait que, malgré son côté brusque, on s’attache quand même à elle. Olivier Gourmet a un petit rôle mais est très bon aussi, aucun acteur ne démérite.
Certaines scènes restent vraiment en tête comme celle où rosetta se fait virer et refuse de lâcher son sac de farine comme si lâcher ce sac c’était lâcher définitivement tout perdre. Ou encore la scène de la mobylette, oppressante, presque comme un cauchemar.
La fin fait du bien et donne enfin une touche d'espoir : Rosetta touche definitivement le fond, elle est prête à sombrer pour de bon… et là, pour la première fois, elle sort de ses œillères, elle n'a meme plus la force d'être tendu, de se battre et de ce fait vois enfin la main qui est tendu vers elle. J'ai trouvé cette petite lueur d’espoir, parfaite.
Bref, Rosetta n’est pas un film “agréable”, heureusement je n'ai pas lancé le film en me disant "youpi je vais me faire une petite séance détente/popcorn". C’est sans chichis, assez brut, mais ça reste en tête.
Pas un coup de cœur absolu pour moi car parfois un peu répétitif, mais un vrai moment de cinéma réaliste qui mérite d'être vu et qu'on s'y attarde encore aujourd'hui.
7/10