La bande-annonce laissait entrevoir un Thriller à la fois musclé et porteur d'un véritable message. A la sortie de la séance, on se rend à l'évidence : tous les moments de tension y sont compilés comme pour tout bon film mange-merde. Mais alors, si l'on n'a pas le droit à la chique et au mollard, on pourrait s'attendre à ce que Ken Loach fasse preuve d'esprit d'initiative en nous dégotant un bon scénar'. Que nenni. Au lieu de ça, il empile les leçons de morale et les peintures d'instincts « bad guy » en alternance. Pis, Loach nous prend tellement pour des neuneus qu'il se croit obligé d'expliciter dans les dialogues ce qui n'a pas besoin de l'être.

Et comme si ça ne suffisait pas, le film est monté avec les pieds : certaines scènes de dialogues « ping-pong », autrement appelées « Frankie-Nelson », paraissent incroyablement longues tandis que d'autres sont « zapées » en moins de deux, alors que notre attention est porté sur un détail d'une image. Les scènes donnent l'impression de mal s'enchaîner, de faire preuve d'une sécheresse et d'un manque d'habillage indignes d'une « grosse » production.

En parallèle, la musique est très peu utilisée, et l'est à mauvais compte lorsqu'elle est utilisée pour prétendre souligner quelque-chose avec peine. Aussi, les rares tentatives de faire de l'humour tombent lamentablement à plat. Le film ne fait en aucun cas rire, il déçoit. Globalement, son ton est résolument grave, ce qui rend d'autant plus navrant les fautes de goût délivrées pour mener la fronde contre les véritables méchants dans l'affaire : les plus hauts fonctionnaires de l'Etat Irlandais et autres responsables militaires.

Pour sûr, RI manque de manière flagrante de rythme. La quête du responsable du meurtre de son meilleur ami, qui l'est aussi pour toute une famille Irakienne, est lente et fastidieuse. Certaines scènes ne sont d'ailleurs d'aucune utilité pour faire avancer le schmilblick et nous sortir de ce merdier. Que ce soit dans le bourbier Irakien ou dans le bordel Irlandais, on s'ennuie ferme. Heureusement que le ridicule ne tue pas, car le twist final est à l'image de tout le film. Complétement absurde, il tombe comme un cheveu sur la soupe sans faire de vagues.
Adrast
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le 28 mars 2011

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