Même si je n’aime pas la formule 1 à la TV (énervant ces perpétuels vrombissements !), cela ne m’a pas empêché d’apprécier ce film. Car « Rush » est d’avantage une histoire basée sur la relation entre deux pilotes que sur cette discipline.
A l’époque la formule 1 est un sport très dangereux où les pilotes risquent fortement leur vie. Ceux qui y concours ont donc une personnalité particulière et gèrent le risque à leur manière. James Hunt est un casse-cou, une tête brûlée qui fonce au mépris du danger. C’est par son intrépidité qu’il se démarque. Conscient qu’il peut mourir à chaque course, il vit comme si chaque jour était le dernier. Niki Lauda est un homme plus raisonné, qui analyse minutieusement la situation. Pilote doué mais surtout ingénieur hors-pair, il améliore lui-même ses propres voitures. Il parvient à percer grâce à une arrogance ahurissante, bien conscient de ses capacités. Quand l’un fait la fête en permanence, apprécié de tous, l’autre préfère rester discipliné, dire ce qu’il pense quitte à se faire détester. L’un est populaire, l’autre se conduit comme un connard. Deux comportements à l’opposé mais des personnalités pourtant pas si différentes. Les deux ont été désapprouvés par leur famille pour n’avoir pas suivi des voies plus nobles que leurs parents envisageaient pour eux. Et quelque soit leur manière d’appréhender les risques, cela n’est pas sans avoir un impact sur leur vie privée. Comment en effet s’engager dans une relation quand tout peut s’arrêter brusquement ? Chris Hemsworth joue ici sa meilleure composition. On est ému quand cette forte tête est affectée par ce qui lui arrive, ou quand Lauda se remet de son grave accident.
Le mépris des débuts cède peu à peu la place à un respect mutuel. Poussés par leur rivalité, les deux pilotes vont vouloir sans cesse se dépasser pour gagner. Une rivalité qui va les aider à continuer à courir coûte que coûte malgré leurs problèmes personnels et les obstacles rencontrés. Une rivalité qui ne les empêchera pas, de temps à autre, de se donner quelques conseils.
Concernant les courses, le film passe assez vite sur les différentes étapes du championnat pour se concentrer sur la dernière course, au Japon, où les conditions météorologiques désastreuses accentuent le danger. Les deux pilotes sont au coude à coude après une compétition acharnée. Là la réalisation de Ron Howard, capable du meilleur (« un homme d’exception ») comme du pire (« Da Vinci Code »), prend toute son ampleur. Ralentit de la pluie qui tombe, gros plan sur les têtes des pilotes, serrés dans leurs casques et aveuglés par les gouttes, suspens à chaque croisement avec un risque accru de dérapage mortel…
Equilibrant efficacement les scènes de course et les moments intimistes des pilotes, « Rush » bénéficie d’une réalisation maîtrisée, appréciable que l’on aime ou pas la formule 1.