Après une décennie à faire des films intelligents et torturés, Hollywood décida dans les années 1980 de viser les teenagers et faire dans la fantaisie/aventure pouvant déboucher sur du merchandising. ça donna "Retour vers le futur", "Indiana Jones", "E.T." et "Ghostbusters". Le cinéma américain décidait donc de retomber de l'âge adulte dans l'enfance et devenir ce que tout le monde pense qu'il est aujourd'hui : un simple divertissement. Bref, l'entrée dans l'âge des blockbusters, qui déverse désormais un si grand nombre de films peu mémorables et commerciaux. C'est triste, Jean-Luc Godard a raison.
Mais au moins, dans les années 1980, ce n'était pas trop standardisé, il y avait une place pour le loufoque et le talent. Car au fond, il fallait le créer, cet univers des ghostbusters. Et s'il est popcorn, il est aussi attirant et fait un peu dans la satire sociale (et l'éloge de NYC). Et puis il y a Laszlo Kovacz à la photo, merde. ça fait de belles captures d'écran. Je pense notamment à la scène où Sigourney Weaver attend Moranis comme une poupée démembrée sur un canapé, avec en arrière-fond un mur détruit donnant sur Central Park. C'est ce genre de scène onirique, tout comme le décor du sommet de l'immeuble, qui donnent leur sens, leur poésie à ce film. ça et le fait que pour une fois, ce sont d'anciens thésards les vedettes d'un film. J'insiste sur le fait qu'il y a vraiment des images qui restent, comme ces rabbins new-yorkais qui prient.
Bon, et les acteurs sont savoureux. Bill Murray, ici, a vraiment du talent. Sigourney Weaver est éblouissante, et Moranis parfait. Mention spéciale à Annie Potts, dans le rôle de la secrétaire Janine, sans doute un des rôles féminins les plus sexy de toute l'histoire du cin... enfin bref, peut-être.