Oscar du film le plus surestimé de l'histoire du cinéma, sans la moindre mauvaise foi de ma part (parce que 2001, je le confesse, il me faut puiser ailleurs que dans mes arguments). SOS Fantômes est un monument culte intouchable des années 80, un indispensable dans la vidéothèque de tout bon cinéphile (je cherche à vendre le mien si ça intéresse). C'est aussi une des plus grosses baudruches de son époque, qui sous prétexte de se livrer à une comédie fantastique absurde, se lance dans un abracadabrantesque numéro de surenchère dans le portnawak où tout est permi sans la moindre cohérence à chercher. Nul doute que si nous n'avions pas eu droit au bibendum chamallow, nous aurions eu droit au trou du cul géant de Evolution, qui lui nous chiait dessus de façon manifeste (personne ne s'est rendu compte que ces deux films étaient exactement pareils, sur les mêmes ressorts comiques et dans les mêmes registres, avec le quotas de vulgarités lourdeaudes décuplées dans les années 2000 (car selon l'adage, plus c'est gros, mieux ça passe, alors un trou du cul géant...)).


SOS fantômes est un graal qui appartient à la même catégorie que les films des Monty Pythons (dont Sacré Graal est la clef de voûte, encore davantage populaire que ce Ghostbusters et davantage autiste dans son "humour" absurde). Personne ne comprend ce film, et personne ne cherche à comprendre, c'est juste un brainwashing revendiqué où la pauvreté des effets semble justifier les plus grands éclats de rire. Quand Gilliam donne un côté politique, il y a là de la matière, mais c'est curieusement le film sur lequel il a fait n'importe quoi qui se retrouve sacraliser par un public qui ne sait pas pourquoi c'est génial, en se réfugiant alors derrière l'étiquette "humour anglais" (enlever humour serait d'ailleurs une bonne idée, puisque l'absurde va au delà de ce concept). Fin de la parenthèse, close en insistant sur le fait que Ghostbusters s'appuie sur le même vide que Sacré Graal pour se bâtir, prenant son n'importe quoi comme un argument novateur pour justifier sa vision régressive de la Science, des institutions et de tout ce qui peut présenter une image sérieuse. Car c'est bien ça la finalité de Ghostbusters, on fait n'importe quoi, mais dans la bonne humeur. Le caractère de nos trois larrons est brossé comme il faut, chacun à un niveau dégressif de sérieux (sans surprise, Venkman est le pire et le plus apprécié de tous). Les deux autres protagonistes principaux, à savoir Rick Moranis et Sigourney Weaver, sont des clichés aussi creux que les murs de leur immeuble. Il n'en faut pas plus pour déchaîner la fureur de l'équipe des effets spéciaux qui balance tout un tas d'effets random, histoire d'épater un peu le spectateur en enchaînant les facéties de notre trio, rejoint très vite par le seul personnage qui semble avoir un peu de recul sur la situation.


Sur le ridicule de la Science, qu'est-ce qui sépare toutefois Ghostbusters d'un Dumb and Dumber De ? L'absence de cynisme. Dumb and Dumber revendique sa connerie comme une arme de destruction massive qui entoure tout, même la science, dans le fond des chiottes de la bêtise humaine. Ghostbusters est complètement cynique de son côté en faisant des scientifiques de véritables irresponsables apprentis sorciers qui donnent des leçons au monde sans rien savoir de ce qu'ils font, tout en s'arrogeant le savoir et la condition d'expert. C'est aussi drôle que de voir un type habillé en chirurgien qui opère sans jamais avoir étudié la médecine (Oui, mr Bean le fait, et cela m'a traumatisé). Mais dans cette surenchère d'absurde, la médiocrité des héros va de paire sans qu'on y trouve à redire.


C'est le gentil côté des années 80 qui suscite un peu de pitié dans mon jugement de Ghostbusters. Petits effets spéciaux rigolos, belles gargouilles animées, le côté empôté de Rick Moranis qui me plaisait étant plus jeune... Mais cet univers aux larges possibilités est complètement pourri par la façon dont il est transformé en comédie absurde (Aykroyd et Ramis au stylo), qui dispense davantage d'efforts d'écriture qu'il ne gagne en qualité. La réalisation technique reste de facture plutôt honnête, et malgré quelques vulgarités qui pointent, le quota reste tolérable (Evolution se chargera de faire tomber cette dernière barrière).

Voracinéphile
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le 28 sept. 2015

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