L'évolution de S.O.S. Fantômes

Il y a presque quarante ans, j'allai voir S.O.S. Fantômes d'Ivan Reitman au cinéma et ce film, phénoménal à l'époque, qui allie frisson et comédie, marqua en fin de séance le môme que j'étais avec un souvenir fantastique qui dure encore depuis toutes ces années écoulées. 2024 était encore loin.

Et en 2024, voilà, nous y sommes.

Suite directe au S.O.S. Fantômes : L'Héritage qui a relancé la franchise mise en sommeil sur les grands écrans après 1989, S.O.S. Fantômes : La Menace De Glace semble être loin d'avoir acquis un enthousiasme général à la lecture d'une majorité de critiques et d'adorateurs du premier film, voire du deuxième en plus. Un avis qui semble contraire à ce que m'a apporté une employée du Pathé du coin (15 euros et quelques la séance plein tarif : merci !) après lui avoir posé une question quant à ce qui marchait bien actuellement (en film, hein, pas en friandises).

Contre toute réticence, je me devais de le voir ce quatrième film, au risque de m'ennuyer. Ça n'a pas été le cas. C'est même un divertissement sympathique même si le film souffre d'un déséquilibre par son presque calme plat (peut-être pas si plat non plus) entre deux bonnes fournées d'action situées au début avec la course-poursuite après un dragon volant dans les rues new yorkaises et à la fin avec l'apparition de la divinité démoniaque.

Il y a beaucoup de personnages comme on peut le voir sur l'affiche, du trinôme des vétérans restants que sont les docteurs Stantz, Zeddemore et Venkman, à la jeune relève du film précédent qui a pris résidence familiale dans l'ancienne caserne de pompiers là où tout a commencé, à New York donc, en passant par de nouveaux personnages dont les motivations nourrissent l'intrigue, tels Melody, revenante se prenant d'amitié avec Phoebe Spengler toujours jouée par la ravissante McKenna Grace, et Nadeem Raazmadi, vendeur de l'étrange orbe aperçu dans la partie introductive du film lors d'une scène se déroulant au début du XXème siècle où un rite occulte a mortellement mal tourné. À cela, ajoutons une nouvelle recrue masculine, le personnage de Lars Pinfield qui travaille dans le nouveau centre fondé par le docteur Winston Zeddemore avec les technologies de dernier cri pour étudier des entités spectrales en les gardant en captivité, comme dans un zoo. La secrétaire Janine Melnitz reprend du service tout comme l'enfoiré administratif, Walter Peck, ici devenu maire de la Grosse Pomme. Du côté des ectoplasmes, le glouton vert (gros tas de morve dégueulasse dixit jadis le docteur Ray Stantz joué par le toujours enthousiaste Dan Ankroyd qui a pris une bonne bouille avec les décennies), occupe un membre de la nouvelle équipe de délogeurs de fantômes. Le Possesseur, qui donne vie à n'importe quel objet va donner du fil à retordre et le spectre de la bibliothèque du premier film remet le frisson lors d'une courte apparition. Ça fait beaucoup de monde à gérer, entre de nouveaux éléments et les clins d'œil nostalgiques.

Quant au grand méchant, divinité cornue libérée de l'artefact sphérique et revenue pour congeler le monde entier, il a plutôt du style, apparaissant dans la dernière demi heure, ce qui semble bien court pour un gros antagoniste. Mais Gozer apparaît bien dans le dernier quart d'heure du film de 1984, ce qui n'a pas empêché d'apprécier grandement. L'âge et l'expérience rendent des cœurs de cinéphiles plus exigeants.

Il reste à savoir si le temps, en semaines, en mois ou en années, brisera la glace entre ce nouveau film et ces mêmes exigeants cinéphiles pouvant potentiellement être déçus ou lassés. En attendant, ce nouvel épisode cinématographique de S.O.S. Fantômes, situé entre nostalgie et évolution, est plutôt un bon divertissement qui se laisse regarder sans bouder un certain plaisir avec de bonnes trouvailles, malgré des maladresses humoristiques un peu lourdes atténuant le sentiment de danger mortel notamment dans le climax final.