Difficile de faire récit plus déprimant. Agnès, 17 ans, se tire de chez son père alcoolique et se retrouve enceinte du premier garçon venu. Ils gardent l’enfant, mais ne parviennent pas à subvenir à ses besoins. J’en profite pour dire que c’est rare de voir à ce point la détresse sur le visage d’une jeune mère, au cinéma j’entends. Catherine Klein est bouleversante. Là-dessus entre en jeu la grande idée du film, le personnage condescendant et maléfique de la belle mère envahissante qui écrase Agnès et enterre le peu de bonne volonté qui lui reste. Le film s’en serait tenu à conter ce quotidien-là que ça suffisait à créer de la violence latente et une inconsolable tristesse – Avec les interrogations de la jeune femme sur son pouvoir d’être mère. Une scène constituera le point d’orgue de cette néfaste évolution : Une altercation entre les deux femmes pour la garde du petit Mathieu, l’une cumule les insultes et l’autre en vient aux mains. Agnès se réfugie chez une amie junkie. Philippe Faucon décide dès lors d’écumer le catalogue de la cruauté. Les ellipses conséquentes permettent de déployer toutes les phases sombres qui engloutissent Agnès, devenu depuis Sabine : Elle vend des sachets de coke sous le manteau dans les souterrains du métro, se pique à l’héro avec sa copine, se prostitue puis chope le sida. Se tirer de cette spirale de la lose est plutôt compromis, pourtant et c’est là que Philippe Faucon reste un cinéaste moins attaché à la souffrance de son ou ses personnages qu’à leur faculté de rebondir, de revivre, le film se termine sur une note en effet très douce, réconciliatrice, optimiste malgré l’issue sordide que laissait présager cette descente aux enfers d’une adulescente délaissée.

JanosValuska
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le 17 déc. 2017

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