Hazal est aveugle. Elle a l'habitude d'aller écouter une série turque avec le vieux gardien d'un parking qui lui fait l'audio-description et elle lui apporte des cookies qu'elle a préparé. Jusqu'au jour où le vieux n'est plus là et a été remplacé par un jeune. Un jeune qui ne parle pas beaucoup. Mais il est très beau. Sauf que comme Hazal (qui est très belle, elle aussi) est aveugle, elle ne peut pas le savoir qu'il est beau. D'ailleurs elle pense qu'il est moche. Jusque là on dirait le scénario d'un soap coréen. Et pour cause : c'est le remake du films coréen Always/Only you. Et ça, les turcs ont l'habitude de faire des remake des films coréens. Ils l'avaient déjà fait avec l'immense succès de 7 Kogustaki Mucize.
Mais revenons à nos deux tourtereaux. Ou tourteaux. On comprend qu'ils vont s'aimer. Pas besoin d'être Sherlock Holmes, c'est une comédie romantique. Le type, lui, Ali, est un ancien boxeur. Elle, Hazal, elle travaille dans un call center. Son patron veut lui passer dessus, mais elle n'est pas intéressée. Pas contre, le type qu'elle vient de rencontrer dans un parking, oui. Elle va continuer à venir manger des cookies et regarder la série turque avec lui, comme elle faisait avec le vieux. Il y a donc une sorte de transfert affectif. Elle s’accommode assez bien de la disparition du vieux d'autant qu'il a été remplacé par un jeune. Les choses s'accélèrent, ils couchent ensemble, le type casse la gueule de son patron. Un jour il décide de tout détruire dans son appartement (il arrondit les angles de la table), enlève une cale dans laquelle on se prend les pieds, enlève des planches aux fenêtres qui empêchent la lumière de rentrer. "Oh mais tu es un homme tellement bon" dit la fille en rentrant. Comme si ça ne suffisait pas, il lui offre un chiot trop mignon. On imagine que dans la version coréenne il le lui cuisine. Plus tard elle se retrouve à l’hôpital et le docteur dit au boxeur top-model slip : il y a une greffe de disponible pour son œil. (pour ceux qui ne le savent pas, les greffes d'œil, ça ne marche pas encore). Combien docteur ? 20 000 lires (actuellement c'est un peu moins de 500 euros, mais on peut imaginer qu'à l'époque du film, la livre turque était un peu plus haute).
20 000 ? C'est une somme ! Il va voir ses amis. Combien ? demandent-ils. 20 000 lires.
C'est une somme ! répondent-ils. L'un des deux amis dit : je peux seulement te prêter 300 lires (6,5 euros), on voit que le mec a des potes généreux.
Du coup le mec qui avait arrêté de boxer va s'engager dans un combat clandestin pour gagner l'argent nécessaire (500 euros). Bon, pour ça il n'avait qu'à arracher le sac d'une grand mère ou faire une cagnotte leechee, mais passons. Pendant qu'il combat au Bulgaristan, la fille reçoit sa greffe. Mais comme les Bulgares, on le sait, ne supportent pas de perdre, le type est poignardé après le combat et son corps balancé à l'eau. Quant à la fille, l'opération est réussie pour elle (on ne saura jamais en quoi elle consistait).
Un an plus tard, le chien a grandi et le type dont le corps poignardé avait été jeté dans l'eau au Bulgaristan refait surface à l’hôpital qu'elle fréquente pour faire des massages aux malades. Mon hypothèse, pour expliquer qu'il ait survécu et qu'il soit arrivé jusqu'à l’hôpital, c'est que le courant l'a amené de Bulgarie jusqu'en Turquie, mais en prenant son temps (1 an), mais si c'était un long fleuve tranquille, ça s'explique. Pour expliquer que le sang se soit arrêté de couler, je ne vois qu'une intervention des sirènes. Mais passons.
Il est donc à l’hôpital, mais évidemment elle ne le reconnait pas, puisqu'elle ne l'a jamais vu. Elle pourrait reconnaitre sa voix, mais lui ne parle pas. Car il ne veut pas être reconnu. Même en lui faisant un massage, elle ne le reconnait pas( elle pourrait quand même reconnaitre ce corps qu'elle a désiré, touché, etc. mais non). Il ne veut pas être reconnu mais va se mettre à trainer autour de la boutique que la belle ancienne aveugle a ouvert. Et là, c'est le chien qui va le reconnaitre. Le chien qui a grandi, qui est devenu un beau labrador à poils longs. Parce que les chiens reconnaissent toujours leur maître. Et la scène où le chien court en direction du boxeur éclopé est la plus touchante du film. Oh oui oh oui, oh oui mon chien-chien.
Bref, vous l'aurez compris, le scénario de Sadece Sen (Seulement toi ou Juste toi) n'a ni queue ni tête. Ibrahim Celikkol ne sait pas jouer (seulement au Basket). Il est seulement dans le film parce qu'il est beau (c'est l'un des acteurs les plus populaires en Turquie pour cette raison). Belçim Bilgin joue la femme dont toutes les réactions sont celles d'une enfant, avec crises d'hystérie à la clé. On aperçoit même à la fin Baris Arduç (vu dans Kulup). Mais ce film, en plus d'être invraisemblable, de moins en moins crédible à mesure qu'on avance, est d'un ennui ... inouï, avec scènes de baisers et de regards (aveugles) à n'en plus finir comme les turcs aiment le faire dans leurs films et séries (les coréens aussi). Bref, il y a des comédies romantiques turques qui passent beaucoup mieux comme Rüzgara Birak ou Ask Taktikleri.