Is it safe ?

Ce qui est assez phénoménal avec Jason Statham c'est sa capacité à signer pour des productions se situant toujours sur la limite séparant le bon du mauvais, un moyen efficace de s'assurer que les fans continuent à aller en salles voir ses films pensant tomber sur une bombe, tout en ne veillant pas à trop les décevoir. 13, Le Flingueur, Blitz, Killer Elite, et voici maintenant Safe, qui par son nom illustre à merveille la situation de l'acteur, celui-ci se traduisant aussi bien par « coffre-fort » que par « en sûreté », une carte que joue une nouvelle fois Statham, le tout n'étant que modérément intéressant même s'il apporte son petit lot d'instants plus ou moins mémorables.
Là où le bas blesse c'est que l'on a quand même vachement l'impression de voir une version un poil différente du Transporteur, à cela prêt qu'il n'est plus aussi classieux puisqu'il joue les clodos (avant de quand même revêtir plus tard un costume de grande classe), et que la belle asiatique est devenu un petit bout de chou à l'intelligence supérieure convoitées par une horde de brutes toutes plus vindicatives les unes que les autres. Tout le monde se lance à leurs trousses, Statham sautille de temps en temps pour distribuer des pains et casser des os, mais malgré tout ça nous sommes bien loin d'égaler le rythme mené tambour bâtant du film auquel il est comparé. Ça parle, un peu trop, souvent pour rien dire, que ça soit les Chinois, les Russes ou les ripoux, on a quelques scènes d'action pour ne pas trop s'emmerder, mais tout cela manque de verve, et puis beaucoup d'intelligence, la trame ne nous servant rien qui n'ait déjà été vu des centaines de fois. Pire, le final s'avère extrêmement décevant, torché sans véritable grosse bagarre, laissant le spectateur sur une note gorgée d'amertume.

On aurait pu croire un moment que cette rencontre d'un ancien du MMA et d'une fillette irait un peu plus loin qu'une rédemption, à l'image de The Man From Nowhere, sorti l'année dernière en DTV, mais non, jamais la corde sensible n'est effleurée et une fois de plus quelque chose qui aurait pu sortir l'ensemble de sa banalité est laissé de côté. Une banalité assez mal venue, surtout après nous avoir mis en bouche avec une scène d'ouverture bénéficiant d'une mise en scène de pure poésie sadique.
Safe est donc bien loin des films qui nous ont fait découvrir l'anglais spécialiste du coup de pied dans les dents, et à peine aura-t'il été vu qu'il aura été oublié. Pas de scènes d'anthologie, si ce n'est une sympathique bagarre dans le métro puis une autre dans un restaurant, ainsi que quelques fusillades gratifiées de gerbes de sang, malheureusement torpillées par un dernier tiers tellement mou qu'il retombe comme un soufflé raté.
En l'état cette pellicule est un amuse-bouche en attendant le prochain Expendables, mais quoiqu'il en soit on aimerait que l'acteur signe par la suite pour de meilleurs métrages, exploitant toutes ses capacités, car le gressin ça va un moment, mais à force de tourner dans du « ni bon ni mauvais » il va finir par perdre ses fans qui n'auront plus envie que de le revoir à l'occasion, en second rôle, ou dans une bobine réunissant de vieilles gloires comme... Expendables.