Cela devait fatalement arriver. Après avoir enchaîné sur un cours laps de temps une vingtaine de films pour tenter de regrouper en une liste détaillée le meilleur de l'épouvante asiatique, il fallait bien que je tombe sur une grosse purge. Malgré quelques déceptions comme Forbidden Siren ou La Mort en Ligne 2, j'ai aimé la grande majorité de ce qui m'a été donné de voir, étant très bon public avec cette frange du 7eme art dont j'apprécie particulièrement l'atmosphère et les scénarios.


Si, au vu de la moyenne ici-bas de ce St John's Wort, je ne m'attendais évidemment pas à une merveille, je n'étais pas préparé à un tel désastre.


J'aurai pourtant du me méfier dés la lecture du pitch on ne peut plus capillotracté : deux concepteurs d'un jeu vidéo horrifique partent faire des photographies d'un manoir dont a hérité l’illustratrice de la boite. Étrangement, l'histoire personnelle de celle ci-est quasiment identique à celle de l’héroïne du jeu, tandis que le manoir est lui aussi très similaire. Pourquoi pas me dis-je ? Avec suffisamment d'intelligence, ça peut donner quelque chose de potable.


Dés les premières secondes commence un enchaînement d'images anarchique au possible : une petite fille par ci, un escalier par là, des tableaux, un masque inquiétant, ah tiens des poupées... Puis, on se retrouve plongé au cœur de la petite équipe de création du jeu, jeu dont on voit d'ailleurs quelques extraits qui ne ressemblent à rien. Nos deux héros partent ensuite explorer le manoir en quête d'inspiration.


Le premier constat qui s’impose au visionnage de St John's Wort, c'est que c'est MOCHE, bougre de testicouilles. Moche au point que j'ai réellement cru au départ à un soucis avec les paramètres de mon lecteur vidéo. J'imagine que l'objectif était de donner à l'atmosphère un cachet « jeu vidéo » dissocié de la réalité, mais force est de constater que le résultat final fait surtout penser à un mauvais trip sous LSD, ou à Bubsy 3D, au choix. Les couleurs sont abominables, avec différents filtres et effets plus sales les uns que les autres et l'ensemble ne devient jamais harmonieux même dans sa laideur, étant donné que les teintes changent régulièrement d'un plan a l'autre.


Et s'il n'y avait que ça... Certaines scènes sont réalisées dans un style found footage, en nous présentant l'action soit à travers la caméra du héros, soit à travers les enregistrements de vidéos de surveillance. Dans tous les cas, c'est effectué avec le cul.
L'image est soit étrangement surexposée (les scènes dans le bureau où travaillent les développeurs), soit ridiculement sombre (la quasi totalité des passages dans le manoir) : à titre d'illustration, l'ancien maître des lieux est censé être un peintre de génie, et si nombre de ses toiles nous sont présentées, l'image est tellement immonde qu'on n'y voit, dans la majorité des cas, strictement rien.
Le grain est très moche, et la réalisation est un festival de couacs, regroupant zooms loupés effets de ralenti ou d'accélération mal venus et cadrage indigent. On ne s'habitue jamais à cette terrible esthétique et cette réalisation calamiteuse, espérant tout au long du film que l'ensemble retrouve un aspect plus ou moins regardable, en vain.


Le reste est à l'avenant. Le scénario est risible, avec des scènes improbables à la pelle, comme ce passage où un des personnages résout le mystère du passé du peintre, censé être inconnu du monde entier, en une minute montre en main de recherches Google. Ou quand la conceptrice des décors reconstitue aisément en 3D le plan entier du manoir en se basant sur les pauvres images qu'elle vient de recevoir, découvrant par ce biais l'existence d'une pièce cachée.


C'est mou, les clichés du genre sont légion et entassés sans classe (poupées, boite a musique, voiture qui ne démarre plus, route bloquée par les intempéries, agression sous la douche...) tandis que les pseudo-twists sont particulièrement honteux. L'action n'est pas cohérente, certains éléments comme les fameuses fleurs sont abordés pour être totalement oubliés ensuite, les acteurs n'en ont rien a foutre. Il faut dire que leurs personnages n'ont aucun relief en plus d'avoir des réactions jamais crédibles (mention spéciale à l'héroïne totalement amorphe face à chaque révélation.
Les dialogues sont plats, la bande son est mauvaise, les quelques rares passages « gores » sont dignes d'un mauvais giallo, et le film réussit le pari de se terminer plus mal qu'il n'a commencé, avec une de ces scènes que l'on sent venir, tout en espérant qu'ils n'ont pas osé (ils ont osé).


St John's Wort dure « seulement » une heure vingt, ce qui reste très long quand on envie d’arrêter les frais au bout d'un quart d'heure. Un vrai naufrage, qui ne possède même pas les caractéristiques nécessaires pour entrer dans la case nanar et gagner ainsi en sympathie.


A noter que ce film est tiré d'une antique « sound novel » sortie a la base sur Super Famicom (la Super Nintendo japonaise) en 1992, et qui, sans nul doute, méritait mieux.

Ramlladu
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le 5 juin 2013

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