Salton Sea, tout s'oublie, rien ne se répare.

The Salton Sea, tout s'oublie, rien ne se répare.
Billets enflammés sur saxo, photos de nounours, un homme joue, tout disparaît. Tu te nommes comment ? Danny Parker, ou bien Judas, en tout cas tu te prends pour un roi du Danemark, un fils prodigue, et oui, tu es accro aux amphétamines, cette méthédrine pondue par le cerveau d'un Japonais savamment souriant juste avant la Seconde, pour peut-être faire qu'une explosion atomique n'effleure jamais le cerveau des futurs toxicos mondialisés se tenant la main et les veines en une même ronde livide et ahurie.
Déxédrine, benzédrine, méthédrine, regard fixe, il faudrait faire le ménage, mater la télé, où gesticulera un Président shooté lui aussi, qui ne laissera parler personne, et où des journalistes frétillants carbureront à on ne sait quoi pour le laisser dérouler son flan contagieux.
Là-bas, on lui a collé une balle, en son temps, il était beau et parlait de paix, on accusera des motards, des services secrets venus du froid, on ne saura pas, le tout sera de simuler l'ordre et la volonté de comprendre.
Des tatoués chevelus accumulent ces cachets anti-toux détournés de leur usage pour bas-âge, à 3 h du matin, on rejoint son déboucheur, son acide chlorhydrique, ses têtes d'allumettes pour leur fine pointe de phosphore rouge, son putain d'éther, ses restes d'éphédrine, avec en fond des tuyaux crachant de tièdes fumées qui salissent la mémoire, les bocaux qu'il faut manipuler avec des masques à gaz, alors, victime de ton effroi, parfois, la mayonnaise ne prend pas, tout explose et tu crèves.
On ne sait jamais ce que devient une molécule, dès qu'on la regarde, dès qu'on l'avale, les virages du chemin retour changent d'angle dans tes iris, pas la réalité extérieure, mais tu penseras que si. Le jour dévorant la nuit et inversement, tout s'oublie, rien ne se répare.
Les fêtes incessantes comme tapis d'allègement, d'abrègement. Le temps se comprime pour 3 jours par un bout de mauvais cristal en saccades compilées dans des artères moites, avec une armoire remplie à ras bord de vieilles lettres à déchirer comme seul témoin.Shootés jurant fidélité aux seules subtances du règne de l'illicite, avec des yeux tatoués derrière le cou, sur la tête du prochain finissant en feu s'il le faut pour renouveler les doses d'anamnésie. La lumière du jour est devenue une méchante irradiation. Suivre le courant, à savoir le plus bas, pour s'apercevoir dans l'entonnoir d'une immense stagnation sans amour, une bière juchée aux semelles, s'écoulant sur le parquet façon rouleau océanique. Danny, son boulot c'est de balancer ses frères de défonce, comme ceux pourvus de fusils à pompe Mossberg, de Mac-Pl à sécurité enlevée, qui aiment se servir de harpons pas vraiment contre de quelconques poissons. Lui aussi devra finir les bras en croix, jeté d'une fenêtre poussiéreuse, avec la stupide et habituelle mare de sang perdue sous la grille inévitable du premier caniveau chargé d'écoulements vulgaires. Danny a une drôle de nouvelle voisine, Colette Vaugh, qui oublie sa nourriture sur le seuil de son appartement, avec du bleu parlant estompé sous des yeux éteints et une frange grasse pour tout apparat. Il dit parfois se nommer Thomas Van Allen, jouer de la trompette, se droguer et dédoubler son intériorité. Parfois va entraîner une fille sur la plage, sans jamais savoir lui jouer du Miles Davis, puis reprend ses balances. Un indic putrescent qui règne sur des ordures, et parlemente sur le prix d'un semi-auto avec la conviction froide d'un assureur suisse. 9Mm, finition Teflon, carcasse polymère, visée fixe, canon 4 pouces, 630 g, double action, 10 coups, 350 dollars, oui, au-dessous de sa valeur, et de plus traçabilité unique, finition chromée en option pour faire briller les idées des filles. A moins qu'il ne préfère un chromage satiné, avec crosse combat, visée fixe, 3 points, crosse évidée, arrêtoir de culasse allongé, un 8 coups, simple action, pour 150 dollars ?
Son travail est médiocre, il le sait, ça ne vaut pas l'inusable 357, son caoutchouc, sa visée fixe, 1,04 kg, double action ! Rien ne vaut un M4 !
L'esprit emprunte à la matière les perceptions dont il fait sa nourriture, et n'a plus qu'à s'entretenir avec ses ombres. Pourquoi se procurer une arme quand on est musicien ? Parce que le monde serait dangereux. Besoin pressant de liquidité, faire un deal avec le premier ourson au nez coupé, un taré qui ne dort jamais. Pour un million de speed, il t'ouvre la tête avec une scie à métaux, puis la fout au freezer et la ressert à ses invités, à moins que ce ne soit de la cervelle de boeuf, ils ne sauront jamais. Colette est seule et pleure en roue libre, la tansaction est acceptée à 225000 dollars, les hommes de l'ordre pour qui il s'affaire ne le soutiennent pas, il lui est interdit de se refaire, c'est normal, c'est le sort des balances. Il doit juste continuer de trahir, encore et encore, pas le droit de faire demi-tour. Sur qui vider ses chargeurs ?
Pour qui jouer ses dernières notes ?
ThomasRoussot
5
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le 12 sept. 2013

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ThomasRoussot

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