Sang Plomb
4.8
Sang Plomb

Film DTV (direct-to-video) de Alex Orr (2007)

Sang Plomb, c’est ce genre de film qui par son pitch et sa jaquette me donnait envie. Sauf que j’ai toujours été refroidi par les très nombreuses critiques négatives à son égard. Certes, d’habitude, ce n’est pas quelque chose qui m’empêche de regarder un film mais là, le côté complètement amateur de la bobine me faisait freiner des deux pieds. Il a fallu 13 ans pour que je me lance, un jour où j’avais très peu de temps devant moi, et où ce film de 1h17 au compteur, génériques compris, collait parfaitement au timing. Après visionnage, une conclusion s’impose : j’aurais pu m’abstenir sans aucun souci. Car même si Sang Plomb est bourré de bonnes idées, elles sont toujours mal exploitées. Mais surtout, le traitement général du film frôle souvent la catastrophe.


Alex Orr est un touche-à-tout qui a pas mal bourlingué dans le milieu du court métrage. Il a œuvré au montage, à la photographie, au mixage du son, au scénario, à la production, en tant que caméraman, et la liste est encore longue. En 2007, il décide de passer à la réalisation d’un long métrage, après avoir réalisé deux courts en 2003. Il a une idée de départ qui lui semble des plus intéressantes, et il a envie de mettre ça en images. Avec 25000$US en poche, il se lance dans Blood Car, sorti chez nous directement en DVD sous le titre Sang Plomb, l’histoire d’un jeune homme très soucieux de l’environnement qui tente de créer un carburant à partir de jeunes pousses de blé dans une période où faire le plein est devenu un luxe que la majorité des gens ne peuvent plus se payer, le litre de gasoil atteignant les 10$. Ce jeune homme, c’est Archie. Il est instituteur, vegan, peu à l’aise avec la gente féminine, et il a installé son petit laboratoire dans son petit appartement. Ses recherches sur ce carburant bio sont au point mort. Mais un jour, alors qu’il se blesse avec du verre et que du sang va accidentellement se mélanger à son carburant de jus de jeunes pousses de blé, il comprend que l’hémoglobine a un effet dynamisant sur son prototype de moteur. Mais comment arriver à récolter de l’hémoglobine alors qu’on est incapable de faire de mal une mouche… Il va d’abord s’en prendre à des petits animaux, mais il a mis le pied dans un engrenage et va pénétrer petit à petit dans le royaume du mal. Plus ça va aller, plus Archie va se métamorphoser et devenir ce qu’il a toujours refusé d’être…
Alex Gorr avait envie de réaliser une série B qui tient la route et qui reprend l’esprit des films d’horreur des années 80, qui souvent reposaient plus sur un pitch de départ qu’un réel scénario, et qui très souvent mêlaient gore et cul sans vergogne. L’intention est louable, mais son film a clairement trop des allures de petite production sans le sou (ça se voit rien qu’à l’image) faite à l’arrache. On a presque l’impression d’être dans un film de potes. Mais le réalisateur semble l’assumer sans aucun souci.


Alex Gorr va partir d’une réalité de 2007 (encore présente de nos jours), à savoir la flambée du prix du carburant, et va faire une analyse noire et cynique de notre société de consommation. Clairement, le film va jouer à fond la carte du politiquement incorrect. Notre héros tue des animaux (même si c’est fait de façon grotesque) ; il se sert de sa vieille voisine comme carburant pour sa voiture ; il frappe un clochard avec sa propre jambe de bois ; il a des pratiques sexuelles déviantes ; le film va jusqu’à tuer des enfants et même des bébés. C’est sans parler des innombrables plans nichons complètement gratuits. On est dans le mauvais goût assumé, sans aucune morale, et le réalisateur va volontairement dans la caricature la plus totale. Avec un pitch de départ aussi improbable, il ne pouvait clairement pas en être autrement. Le film va enchainer les gags à la con, plus ou moins heureux, surtout moins à vrai dire, et balancer de la réplique complètement fumée du genre « Je te promet que je ne te mangerai pas petit écureuil, tu seras du carburant ! » ou encore « Faire du carburant avec des gens, ce n’est pas raciste, c’est patriotique ». Certains dialogues sont funs, oui, même si souvent en dessous de la ceinture. Le problème, c’est qu’ils ne sont pas aidés par le jeu des acteurs absolument affreux. On est dans l’amateurisme le plus total, rendant l’ensemble jamais crédible. Mais ce n’est pas le seul problème du film qui, en plus d’être visuellement moche, à cause d’une photographie inexistante, d’un montage à la hache (certaines musiques se coupent d’un seul coup, sans même avoir pris le temps de coller un petit fondu), et d’une palanquée de faux raccords qui aurait de quoi donner du matériel pour 3 émissions à Michel et Michel de Allociné. Certes, certains effets de style ne sont pas inintéressants, mais le réalisateur ne sait clairement pas les exploiter. De plus, le film tourne vite en rond dans ses meurtres qui se résument toujours à la même chose (je te balance dans le coffre de la voiture, je le ferme, je démarre la voiture. Le gore est d’ailleurs souvent hors champ. On a bien un plan gore, ou d’autres avec des giclées de sang, mais quasiment tout est au final suggéré, ne permettant même pas à l’amateur de gore de s’en mettre sous la dent.


Si on devait définir Sang Plomb, on pourrait dire qu’on est dans un film grindhouse qui mélange du Troma et du Russ Meyer, sauf que rien ne fonctionne et que le film a un côté amateur/film de potes qui ne joue pas en sa faveur. Même s’il y a certains moments funs, ça reste raté de bout en bout.


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 22 sept. 2020

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