Six ans après l'excellent Blood and Wine, Bob Rafelson revient une dernière fois derrière la caméra pour un nouveau thriller bien loin du mémorable Le Facteur sonne toujours deux fois. En effet, distribué en France directement en vidéo, Sans motif apparent est une amère déception qui, malgré un script alléchant, n'arrive jamais à vraiment captiver le spectateur. Pourtant interprété par Samuel L. Jackson, Milla Jovovich, Stellan Skarsgård et le brillant Doug Hutchison (le terrifiant Percy de La Ligne Verte), le casting joue platement des personnages peu ou pas travaillés, enlevant tout le charme restant de ce téléfilm dispensable...
Commençant agréablement bien comme un thriller classique où un flic tombe malgré lui sur une bande de braqueurs de banque nouvelle génération sur le point de faire leur coup fumant, le film sombre vite dans un ennui profond, ledit braquage étant tout simplement insignifiant tandis que la relation énigmatique entre ce flic mélomane et la petite amie du cerveau de la bande ne dépasse jamais son plus simple aspect. Les dialogues sont plats, la mise en scène est d'une lenteur surréaliste et le rythme est calamiteux, comme si Rafelson avait lui-même sabordé son propre film. En soi, Sans motif apparent est un téléfilm lambda, un produit dispensable dont on ne comprend même pas la mise en chantier.
Car outre son scénario sans intérêt, la palette de protagonistes va dans tous les sens, l'histoire mettant en scène un trio de gangsters plutôt inquiétants (Skarsgård le calculateur froid, Hutchison le décérébré et Jovovich la femme fatale) mais qui sont accompagnés dans leur coup par un couple lubrique et un pigeon bien naïf. Quelques séquences d'une débilité profonde, une atmosphère jamais maitrisée, des acteurs en roue libre, des rebondissements de pacotille... Ça fait beaucoup pour un film qui s'annonçait franchement intéressant mais qui a été réalisé de A à Z par une équipe peu impliquée, du scénario à la mise en scène. L'un des nombreux films inutiles de Samuel L. Jackson et un dernier film raté pour Bob Rafelson.