J'ai pris trois heures pour rivaliser avec le titre des autres critiqueurs, avouez que de pas faire de jeu de mots avec le champ lexical du bruit, du silence, ou de l'ouïe serait vite frustrante !


Commençons avec l'introduction, qui reste ma foi, intéressante quand on la regarde la première fois. Elle arrive à canaliser un certain mystère (que se passe t-il) tout en y installant une pression (les piles de l'avion), même si je trouve que le plan pour montrer que les gamins prend les piles, reste purement anecdotique et assez tue-l'amour, mais bon.


En tout cas, l'introduction marchait merveilleusement bien, il a fallu qu'une ellipse de 400 jours arrive et chamboule tout.


Déjà le premier défaut du film, c'est le rythme.
Poser un rythme dans un film, c'est dur, dans un film d'horreur, c'est important (même si le film, à cause de son rythme enlève le côté horrifique). Il faut essayer de créer une tension dans le cœur du spectateur.
La tension arrivera mais bien loin dans le film, pour l'instant, nous avons droit aux aventures de la petite maison dans la clairière, avec des gens qui marchent, étendent le linge, guettent, se baladent, et tout ça dans un énorme ennui.
En plus de ça, pour saupoudrer les moment de silence, le compositeur a alors choisi de faire venir les pianos, violons, et autres instruments de musique de la famille des dépressions. Résultat des courses, les musiques se répètent car le manque d'originalité frappe le compositeur, ce dernier doit exprimer le deuil...
Le deuil est alors une sorte de puits sans fond, où on met toutes les scènes de toute la famille dedans, on a aucune trace de créativité, rien, tout le monde s'exprime ou s'actionne par le biais d'un gamin mort il y a 400 jours. Quel raccourci miteux ! Les scénaristes n'ont alors que peu de boulot à opérer !
De plus, si le film se base sur le deuil, pourquoi n'a t-il pas pu développer le tout un petit peu mieux ?
La dernière scène du père s'excusant à sa fille, réussit piteusement à nous faire éprouver de l'empathie pour les deux personnages ! Surtout que je ne comprends pas, mais vraiment pas la logique de leur relation !
La fille n'aime pas son père car ce dernier la protège en la laissant à la maison... OK...
La fille n'aime pas son père car ce dernier essaye de créer des appareils auditifs qu'il lui permettrait d'entendre... OK...
Mais putain de merde, est ce que c'est possible de faire aussi illogique que ça ?
Le bouchon est poussé un peu trop loin durant la scène avec le gamin qui explique à son père la sociologie expliquée aux nuls, "Papa faut que tu lui dises que tu l'aimes" "Mais c'est ce que je fais !!!"


Parlons des autres personnages, mais n'avez vous pas remarqué que tous les personnages ont leur petite histoire, mais celle du gamin est invisible ? Déjà que petite histoire, j'exagère un peu trop. Si on veut avoir un bon exemple de personnages développés, on regarde du côté de The Witch, mais pas dans ce film là.
Le jeu d'acteur de chacun n'est pas aussi très transcendant, le père fait des grimaces toutes plus ridicules les unes des autres, la gamine muette donne envie parfois qu'on lui file une patate pour qu'elle arrête de figer ses émotions (mais bon, rien qu'une gifle et je suis mort dans ce monde). Le petit gamin s'en tire bien, tandis que la mère me laisse un peu pantois, son "urgh" dans les escaliers, est quasi ridicule, après par contre, la scène où elle est dans la salle de bain, restaure un peu le tout.


La dernière partie de cette critique va s'intéresser alors aux soucis du scénario, qui rend le film débile et casse l'ambiance.
Je parle par exemple, de la scène où le père meurt, pourquoi le monstre attaque t-il son père alors qu'il n'a pas fait de bruits ? Vous pouvez me dire que je chipote un peu trop, that's true. Mais expliquez moi pourquoi la réserve d'eau est percée, que le silo craque sous le poids d'un gamin de 8 ans, ou bien que la gamine croule sous un tas de céréales alors que le gamin s'en tirait plutôt bien. Peut être qu'ils ont voulu faire une scène assez classe, et pourtant je trouve ça assez cheap.
Il y a aussi la scène où la mère sait qu'elle va accoucher, pourquoi ne va t-elle pas directement dans la zone safe et capitonnée ? Pourquoi va t-elle dans la cave ? Et en plus, après le bébé, il faut expulser le placenta, comment elle a fait ? Et puis comment le bébé s'est il arrêté de geindre pile au bon moment ?
Au fait comment ils font pour avoir de l’électricité si il n'y a personne pour s'occuper des centrales ?
Après il y a les incompréhensions des personnages, comme le gamin, qui, au lieu de retourner chez lui, va s'engouffrer dans les plants de maïs, si on passe à côté d'un monstre, on est pas censé faire du bruit, je suis désolé. Bon, je suis mauvaise langue, mais si les monstres peuvent entendre les bruits blancs des télés, c'est qu'ils peuvent entendre le plus petit des sons. La situation reste stupide puisque la route était dégagé, et puis quand un personnage est devant eux en train de respirer bruyamment, ça n'a pas l'air de les choquer.

Ces incompréhensions n'en sont peut être pas, néanmoins, j'aurais aimé que le film fasse plus de dialogues qui racontent comment les monstres marchent, c'est la moindre des choses.
Après je ne parlerai pas du clou du spectacle, qui ne s'enlèvera donc jamais, on le verra toujours avec un gros plan dessus du style "vous l'avez vu !", plan qu'on voit presque partout (piles) et qui nous prend vraiment pour des cons. C'est un peu ce qui s'est passé avec la fin du film et le dénouement final, sérieusement, c'est le père qui étudie les créatures et il n'a jamais pensé une seule fois au bruit qui pourrait tuer les créatures ???
C'est idiot, un point c'est tout !
En plus, la fin est ridicule, déjà je ne comprends pas pourquoi la fille reste étonnée de la cave, elle y est jamais allée ??? Deuzio, le coup de "on va tuer toutes ses bêtes avec ton appareil auditif et mon flingue" alors que si les monstres se ramènent à plusieurs, ils sont foutus.
Le film n'installe pas alors un climat de défaite absolue, non, il préfère finir sur la mère qui charge son flingue en contre plongée... Pitié ! On peut pas avoir une scène plus cliché que ça ? On dirait l’héroïne de The Ward ! En plus, j'ai l'impression qu'ils se sont dits, faut au moins que la mère elle tue quelqu'un pour que ça fasse, "je suis une mère forte" (mais les scènes d'avant nous montre déjà que oui, là ils exagèrent !")


Les incompréhensions sont des cibles faciles, je le conçois, vous avez juste à chercher, et puis vous en trouvez. Tout film a des soucis de cohérence, le scénario ne peut pas être parfait, c'est normal. Pourtant, dans un film qui ne nous raconte pas grand chose, les soucis du scénario restent trop visibles car oui, une des fonctions du cinéma, c'est de nous faire oublier que c'est de la fiction, et que la fiction est mise en scène, et qui dis mise en scène, dit faux raccords. En nous emportant dans une histoire, la fiction est censée nous faire oublier qu'il y a des éléments débiles durant l'histoire.
Bien sûr, il ne faut pas penser que le simple fait de parler des incohérences reste indiscutable, ni même qu'elle fait tout dans une critique, ou bien qu'elle prend le pied sur la note finale.
Avec Arizona Junior (et la prochaine critique que je vais faire sur sang pour sang) j'ai souligné les incohérences avec ferveur, pourtant, j'ai souligné aussi d'autres défauts du film autre que les faux raccords. Parler des incohérences ne veut pas dire qu'on cherche la petite bébête, mais en tout cas, il faut savoir que c'est cette petite bébête qui nous a embêté durant tout le film.


Au final, l'univers de science-fiction qu'ils nous ont dessiné est décevante, comment rentrer dans l'ambiance si on a pas l'impression qu'il y a un monde qui vit autour de la maison ?
En plus, faut savoir qu'ils étaient trois au scénario... Trois ?! Mais sérieusement, un mec tout seul aurait fait mieux !
Bon, peut être que le budget n'est pas énorme... néanmoins, c'est Michael Bay et puis, ils auraient pu, je sais pas, rajouter des dialogues sur le monde autour d'eux, comment ils récupèrent de la nourriture (autre que végétale), si il y a d'autres survivants (des conversations avec la radio), ou bien accentuer l'univers vécu avec les orages (créateur de beaucoup de bruits, ils auraient pu parler normalement), ou même augmenter les scènes entre les membres de la famille (ce pauvre gamin délaissé par tout le monde !) etc...
Ce film a tout de même de bonnes idées (l'accouchement), mais peine à produire des scènes de qualité, comme la scène avec la chute d'eau où on est censé sentir la libération de la voix et pourtant cela reste assez misérable. La réalisation reste aussi très discrète (plan pas mémorable) car en essayant de ne pas faire des jumpscares, le cadre se contente de faire apparaître des monstres au second plan (dans Halloween,c'est cool, là, non).
Les monstres sont bien faits, pas de problème de ce côté là, même la morphologie du monstre est assez réaliste (me fais penser aux Hyménoptères de Borderlands), le seul problème, problème assez subjectif, c'est que je ne suis jamais effrayé par quelque chose faits en image de synthèse tandis que le physique réussit toujours à me retourner l'estomac. Cela participe à la mauvaise note que je lui donne, mais je peux rien y faire, l'ambiance est sérieusement touché quand on sait qu'il n'y a rien derrière le protagoniste qu'un fond vert. Je pense que l'horreur aurait gagné en horreur si les monstres n'étaient pas aussi visibles, car la peur est quelque chose qu'on nourrit avec l'inconnu.
Voilà voilà... Le film ne m'a pas marqué, et il aurait pu faire davantage, le seul truc qui me dérange, c'est pourquoi les autres critiqueurs parle de films de genre ? On dirait les suppôts du fossoyeur de films !
Un film de genre, c'est un film avec un genre, mais existe t-il un film qui n'ait pas de genre ?
Non.
Point.

Diegressif
4
Écrit par

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Créée

le 8 juil. 2018

Critique lue 324 fois

Diegressif

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