Avant de le voir, ce film m’intriguait : à qui s’adresse-t-il ?
J’avais vu la bande-annonce, lu le pitch, et déduit qu’il s’agissait d’une comédie un peu débile, mais qui amuserait les enfants.
Sauf que j’adore Alain Chabat, surtout dans Les Nuls et La Cité de la peur, mais aussi avec Mission Cléopâtre, voire aussi Didier ou Le Marsupilami qui ne sont pas déshonorants.
Alors, c’est quoi Santa & co ? je suis allé le voir, espérant résoudre ce mystère.
Mais, je ne comprends toujours pas à qui il s’adresse. Il y a certes un dernier quart d’heure qui déploie des efforts considérables de mignonnerie pour plaire aux enfants, mais le reste du film est bizarre.
L’univers visuel du début est globalement laid (sauf quand la fabrication des cadeau est filmée de près, on ne nous impose pas des images numériques moches), et pas très féérique – sûrement par manque de sous.
Ensuite, le récit enfile les séquences les unes après les autres, sans surprise. Enfin, s’il s’agit d’une comédie familiale de Noël, on ne peut lui reprocher d’avoir une intrigue anodine et prévisible, et tous les autres défauts inhérents au genre.
Mais n’empêche, le film a un je-ne-sais-quoi étonnant.
Peut-être est-ce ça, « l’esprit Chabat » ? Alain Chabat acteur est vraiment très bon, son humour Les Nuls / absurde / décalé / pince-sans-rire (d'ailleurs bien maîtrisé par David Marsais et Grégoire Ludig) tombe parfois à côté, mais est souvent juste.
Mais il y a autre chose. Peut-être est-ce la presque absence de musique, dans le segment central du film, inhabituel pour un conte de Noël ? (enfin, la fin du film, guimauve à fond, compense ce déficit musical) D’ailleurs, la famille est filmée de façon curieuse : le ton est réaliste, naturaliste. Surtout dans la première scène qui montre le couple et leurs deux enfants : ça crie, c’est bruyant, c’est le bordel, c’est fatiguant, c’est réaliste, et c'est rare dans ce genre de film.
C’est peut-être enfin la présence surprenante de Golshifteh Farahani, que je n’attendais pas dans ce film (avec son beau visage triste, elle pourrait être la nouvelle Maria Casarès, elle se gâche...). Mais aussi grand soit mon admiration pour elle et pour sa capacité à illuminer n’importe quel film - et quiconque a vu Paterson de Jim Jarmuch me comprend et meurt d’amour pour elle -, elle ne m’a fait oublier les défauts du film que le temps où elle apparaît à l’écran.