La dictature chilienne a pris fin il y a 30 ans mais la parole des exilés et des résistants au régime inique de Pinochet n'a pas pris une ride et semble toujours aussi nécessaire. Le documentaire de Moretti commence à l'élection d'Allende, en 70 et avance, chapitre par chapitre, jusqu'à aujourd'hui, en recueillant les témoignages de personnes épatantes qui ont sauté le mur de l'ambassade italienne, à Santiago, dernière de son genre à accueillir encore des candidats à l'exil. Leurs paroles et leur émotion nous accompagnent jusqu'à un parallèle effrayant entre l'Italie d'aujourd'hui et le Chili de Pinochet, tandis que l'Italie de 73 ressemblait beaucoup au pays qu'Allende aurait aimé que le Chili devienne : accueillant, chaleureux, solidaire... plus rien à voir avec les dérives autoritaires, nationalistes et xénophobes de notre époque. Comme si l'abondance rendait con. On fera des thèses là-dessus quand on se sera entre-dévorés, je parie. En attendant, c'est un vrai bonheur d'entendre encore les Quilapayun chanter El pueblo unido jamas sera vencido et ça démange de coller une baffe à cet ancien militaire qui nie la torture et justifie la dictature en avançant qu'Allende semblait s'acheminer tout droit vers l'instauration d'un régime autoritaire. Un documentaire qui vaut le détour, et rejoindra sur mon étagère ceux de Patricio Guzman.