Sarajevo – State In Time est une histoire de l’art en temps de guerre, à travers le groupe Laibach, groupe de musique électro-industrielle, du NSK, le Neue Slowenische Kunst, et d’un peuple, durant le siège de Sarajevo, de 1992 à 1995. Il y a un acte au centre de cette histoire : un concert de Laibach en une ville fermée, prisonnière, où la vie doit pourtant continuer pendant la guerre. Les membres du groupe ont du traverser, lors d’un cessez-le-feu, une zone de conflit, espérant que la trêve tienne le temps d’arriver à leur destination. Le groupe faisait partie d’un mouvement, le NSK, un état dans le temps, sans territoire physique, sans frontière : une création commune. Durant les deux concerts qu’ils ont pu faire à Sarajevo, dont un s’étant déroulé lors de la signature des accords de Dayton, des passeports de cet état spirituel ont été distribués. Passeports ayant pu être utilisés avec succès comme document officiel à cause de la disparition du pays auquel appartenait les habitants de la ville, dans des anecdotes rocambolesques mettant en lumière l’absurdité administrative en cette période.
Ce que ce documentaire touche en plein coeur, c’est la nécessité pour un peuple de vivre et de faire vivre sa culture et de se divertir dans un foisonnement permanent et vital. Ce que les jeunes habitants de l’époque racontent, c’est une effervescence, malgré le danger. Pourquoi rester prostré chez soi dans l’attente de la mort, quand on peut prendre autant de risques en vivant véritablement ? Lors d’un moment dans le temps, un concert, de la musique, permit de vivre comme avant la guerre, outrepassant la mort, pour tenter de rester vivant.