Savage Weekend
4.8
Savage Weekend

Film de David Paulsen (1979)

Savage Weekend tourné en 1976 sous le titre de The Killer Behind The Mask restera trois ans sur les étagères avant de sortir finalement en 1979 distribué par la Cannon. Le film de David Paulsen semblent tout à la fois préfigurer les futurs slashers type Vendredi 13 tout en s'inspirant sans vergogne de quelques classiques du passé comme La Baie sanglante, Délivrance ou Massacre à la tronçonneuse. Savage Weekend est surtout un film délicieusement mal branlé qui s'intéresse visiblement plus à la fesse érotique qu'à la face horrifique donnant le sentiment d'assister parfois à un porno soft aussi drôle que bassement gratuit. David Paulsen qui poursuivra par la suite sa carrière comme scénariste/réalisateur/producteur sur des séries comme Dallas et Dynastie (deux salles deux ambiances) nous offre avec Savage Weekend un savoureux mauvais film pas très loin du nanar.


Savage weekend c'est la trame classique d'une poignée de citadins qui partent pour la campagne et qui vont se frotter aux ploucs du coin. Dans le cas présent nous allons suivre Robert et sa nouvelle compagne en instance de divorce ainsi que trois autres amis qui partent retaper un bateau. Une fois sur place ils vont se heurter aux autochtones et à un mystérieux tueur masqué qui va faire son apparition.


Le film de David Paulsen semble fonctionner tout en ellipse et gouffre narratifs au grès d'un scénario enchainant les événements à la va comme j'te pousse sans la moindre contextualisation ou fluidité. Les personnages sont à peine exposé et jamais vraiment caractérisé au point qu'on a du parfois du mal à savoir vraiment qui est qui et ce qu'ils viennent foutre dans l'histoire et ce n'est pas la direction d'acteurs assez lamentable de David Paulsen qui va nous aider à adhérer aux différents personnages tous plus transparents les uns que les autres. On sent bien que dans un premier temps le film tente de présenter une galerie de candidats potentielles à se cacher sous le masque du tueur mais il ne fait qu'esquisser un potentiel et artificiel suspens de whodunit en carton. Le film nous mettra illico dans l'ambiance avec dès son générique de début une femme en petite tenue qui court frénétiquement dans un sous bois au son d'un banjo, semblant fuir le danger elle se précipite finalement sur un redneck au sourire idiot qui ramasse alors une grosse tronçonneuse pour la brandir tel un phallus triomphant alors que la belle semble soupirer d'extase. Cette scène un peu stupide qui trouvera quand même une explication cohérente en épilogue du film synthétise à elle seule tout le long métrage à venir avec rednecks inquiétants et banjo à la Délivrance, scream queen et tronçonneuse, érotisme très lourdement suggestif, comédiens légèrement à côté de la plaque, mise en scène approximative et faux semblants.


Savage Weekend souffre d'innombrables défauts à commencer par son rythme et son scénario qui va mettre plus d'une heure de péripéties insipides avant d'introduire un tueur lui même bien trop mou pour vraiment réveiller l'ensemble. Du coup que fait on pendant une heure pour maintenir l'œil goguenard et torve du spectateur ouvert , on balance régulièrement une scène de cul quitte à faire ressembler son film à une production érotique bas de gamme. Je ne sais pas si c'est l'air frais de la campagne qui booste la libido des personnages mais ils auront tous une fâcheuse et systématique tendance à faire des galipettes dans la paille. Le plus drôle reste la finesse et l'élégance avec laquelle David Paulsen introduit ses nombreuses séquences d'histoires naturelles avec notamment le personnage de Marie (Marilyn Hamlin) très émoustillée par la moustache frémissante d'un sémillant et viril bûcheron interprété par David Gale ( Le médecin à la tête coupée de Ré-Animator) . La jeune femme entre libido refoulée et désirs suggestifs exacerbés soupire d'extase quand notre brave moustachu lui raconte le marquage au fer rouge d'une petite amie infidèle avant d'aller quelques scènes plus tard caresser le gros piston huileux du tracteur de notre brave ouvrier forestier à la chemise ouverte. Mais le top de la suggestion et du raffinement restera la scène durant laquelle en chemisette et maillot de bain notre citadine refoulée ira demander des œufs à notre brave gaillard, visiblement peu au fait de la différence entre une poule et une vache la jeune femme va se retrouver à caresser lascivement le pi d'une génisse jusqu'à en faire jaillir le lait tout chaud , puis comble de malchance la malheureuse va déchirer son léger chemiser à un clou qui dépasse. Cette scène de masturbation à peine détournée est tellement gratuite, énorme et vulgaire qu'elle devient parodique et absolument hilarante. Et des moments frappé du casque qui donne envie de se marrer le film de Paulsen en comptabilise bien d'autres.


Ne me demandez surtout pas pourquoi mais nos citadins en toute simplicité mettent des costumes et des robes de soirée pour manger du poulet le soir à la campagne. Je n'ai pas plus d'explication sur cette jeune femme maquillée à outrance qui fait un striptease pour ensuite danser des plombes sur un air de tango particulièrement saoulant . Quant à notre tueur la scène durant laquelle il construit son look est assez savoureuse puisqu'on le voit quand même après avoir opté pour son masque et des gants de jardin hésité en un pull moche et un soutien gorge blanc. Et par charité chrétienne je ne parlerais pas des bruitages idiots qui flinguent les scènes horrifiques, des acteurs et actrices tout en fausseté ou des ombres de perche et de micro dans le champ....Traînant la patte comme un animal blessé qu'on voudrait achever, Savage Weekend arrive à son dénouement avec une scène qui fait écho et explique le tout début du film. Une séquence avec un combat de coq titanesque monté absolument n'importe comment qui oppose une grosse machette turgescente contre grosse tronçonneuse vrombissante, le tout devant à notre héroïne en nuisette qui ne perd pas une miette de ce duel de virilité bien grasse.


Savage Weekend est un mauvais film sympathique , on est très loin du compte niveau horrifique mais le film de David Paulsen, aussi mal foutu qu'il puisse être, offre bien assez de raisons de se réjouir pour ne jamais être totalement ennuyeux.

freddyK
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Seul Au Monde (Ou Presque), La Bobine à Nanar, 2020 : Films vus et/ou revus et 1979 - Une Horrible Année

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le 4 déc. 2020

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Freddy K

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6

Critique de Savage Weekend par grégoreur-de-films

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