Saga n°1 : Saw, le prométhée décomposé


Frankenstein, avec des bouts de vous et de moi



Saw, part d'un principe très simple, l'acceptation du spectateur à se faire rouer de coups, à se faire découper, démembrer, comme les acteurs.
Après tout, si l'on regarde toute la saga c'est plus en étant mue par une passion du morbide et du glauque que l'on ne retrouve nulle part à un tel degré d'intensité. On ne vient pas ici pour une histoire, on ne vient même pas ici pour le personnage charismatique de Jigsaw, on vient pour ce qu'il incarne et ce que cette saga incarne, un plongeon dans les abysses, dans le gouffre sans fond que peut représenter l'esprit pervers d'un homme brisé.
C'est donc par l'abandon que commence l'aventure, en 2003 alors que la scène du cinéma d'horreur regrette la saga scream, Hellraiser sent la ruine et le déclin et c'est pas Destination finale qui va relever le jeu. Dans ce climat de moisissure apparait un court métrage qui, longuement muri, portera ses fruits en un thriller intense deux ans plus tard.
L'expérience est troublante, mais pas désagréable puisqu'il y à de quoi en faire un second, déjà plus malsain que le premier, renforçant d'avantage le coté scabreux et voyeuriste de la mort.
Mais là ou ça commence à devenir intéressant c'est dès le troisième épisode, ou l'on découvre enfin cette façon de mettre en scène la mort, comme un jeu, et même une représentation théâtrale. La mort, oui, mais pas que. On édifie Jigsaw en dieu moqueur, moralisateur peut être mais surtout qui s'amuse de nous. La saga commence à montrer son fonctionnement, ses codes.
La saga atteindra son apogée lors de l'épisode 4, point central ou tout se relie, ou Jigsaw voulait nous emmener depuis le début : au coeur de son univers. Véritable plongée dans son esprit le film nous offre enfin son point de vue sur les choses, révélant la triste origine du tueur et le point de non retour qu'il à franchi délibérément . Le 4 se veut plus gore, plus insoutenable aussi, pour appuyer cette impression. On y retrouve ses pires créations, et son pire jeu, offrir le choix, à quelqu'un, de donner vie ou mort à des personnes, offrant ainsi une vision de ce qu'il ressent, à quelqu'un d'autre, nous offrant à nous deux points de vue différent à un même acte, celui de jouer à dieu.
le reste de la saga malheureusement perd de son intérêt dans le sens ou l'héritage laissé par Jigsaw à son successeur, censé être vu comme un renouveau de la saga fait pâle figure.
Orienté vers le gore malsain, celui-ci nous laisse de marbre, faisant plus office de boucheries divertissantes. Tout le coté perversion sadique, voyeurisme glaçant se perd, de plus même l'intention de rendre la saga plus gore échoue, face à un épisode 4 insoutenable.
Le sixième donc n'as pas grand chose pour lui, étant plus un étalage de tortures comme on pourrait en trouver dans d'autres films, un peu la bête noire de la saga on va dire.
Quand au dernier, du moins ce qui devait être le dernier, on initie ici de grandes nouveauté, ce qui en fait pour moi un très bon épisode : Le meurtre en plein air, renforce le coté voyeurisme, et quand les gens filment au lieu d'aider la pauvre dame tapant contre les vitres blindées, ça c'est osée, ça chamboule, ça nous parle et on à juste envie que ça s'arrête, ça nous secoue et bam, intro du film en or ! Pour la suite, on prend ce qui faisait l’intérêt de la saga et on le pousse dans ses retranchements : Les meurtres ont de nouveau des échappatoires, discret mais présent, et la caméra qui rend bien à l'image la tension ressenti, Le tueur se rapproche de l'image du dieu, regardant ses oeuvres ici.
Pour l'épisode 9, rien à redire, c'est un chef d'oeuvre, on prend ce qui fait la réussite du premier et on le mixe avec l'essence de la saga, ça fait clairement plus remake bizarrement dans l'idée mais le scénario intègre quand même l'épisode de la saga, même si c'est fait maladroitement tout de même, ce qui m'as retenu de lui mettre 10.


Bref Saw, c'est une saga expérience on va dire, et ce sera surement la seule avant un bout de temps avant d'en avoir une autre aller aussi loin dans ce sens.

Spiralis

Écrit par

Critique lue 346 fois

4
18

D'autres avis sur Saw

Saw
SanFelice
8

Let the game begin

Stygian Street. C'est la rue où se cache Jigsaw, le tueur au puzzle. Stygian Street. La rue du Styx, un des trois fleuves des Enfers grecs. Et c'est bien l'enfer que nous décrit ce film. Un enfer où...

le 29 avr. 2012

65 j'aime

8

Saw
velvet
8

Une énigme macabre aux relents d'agonie

Je conçois que l'on puisse détester SAW, pour des raisons tout à fait valables. Personnellement, j'adore, et pour des raisons tout aussi valables. La première chose à prendre en compte, si l'on veut...

le 6 août 2011

28 j'aime

3

Saw
Marius
4

Le septième Saw

Saw what? Il est où le film qui fait trembler les ados du monde entier? Il est où le spectacle gore-trash-trop-dégueu-qu'il-va-te-déboiter-les-yeux-de-tes-orbites? Je pensais me faire torturer par...

le 8 juil. 2011

28 j'aime

1

Du même critique

Gambling School
Spiralis
1

Une merde purrulente qui sent fort le cliché

De l'art de mal représenter les choses Cet anime à tellement de défauts que je vais devoir en faire une liste. Alors pourquoi j'ai tout regarder, si ça me plaisait pas ? question d'honnêteté envers...

le 27 mars 2018

19 j'aime

35

Shadow of the Colossus
Spiralis
3

Quand le jeu vidéo fait son cinéma...

L'art de pas se mouiller Alors tout d'abord j'invite les haters à venir à regarder ma note sur le jeu shadow of the colossus sur ps3. C'est fait ? parfait maintenant que vous savez que j'ai adoré ce...

le 4 mai 2018

14 j'aime

33

The Red Strings Club
Spiralis
9

La claque de 2018, made in Devolver.

Transhumanisme et Zone du dehors Avant tout je tient à dire que pour 2018, c'est et ça restera surement un de mes coup de cœur vidéoludique, et franchement il y à de quoi. Ah et je sens que les même...

le 12 févr. 2018

13 j'aime

4