Bruno & Claudio Coiffure

Bruno Mattei et Claudio Fragasso les Tif et Tondu de la série Z à la fructueuse collaboration émaillée de quelques merveilles tels que Les Rats De Manhattan ou Virus Cannibale décidaient en 1986 de ressusciter le western spaghetti tartiné de sauce ketchup avec Scalps. Alors que le genre est pourtant mort depuis longtemps nos deux adeptes des morts vivants se lancent presque logiquement dans cette entreprise d'exhumation de l'esprit fumant comme un colt de Leone, Corbucci et Solima.

Scalps nous raconte l'histoire d'un bataillon de soldat sudistes quasiment devenus hors la loi et qui subsiste malgré la fin de la guerre. Le générale souhaite capturer pour son plaisir personnel la fille d'un chef indien et envoie donc ses hommes pour l'enlever. Cette dernière s'enfuit après le massacre de sa tribu et trouve refuge chez un ex soldat devenu fermier. D'abord réticent l'homme va décider de protéger la jeune squaw et l'aider à se venger.

De tout ce que j'ai eu l'occasion de voir des deux compères , que ce soit en duo comme en solo, Scalps est ce qui se rapproche le plus d'un bon film. L'histoire, même si elle vrille un peu dans sa dernière demi-heure, tient plutôt bien la route en nous proposant un chouette récit autour de cette alliance symbolique entre une jeune squaw et un ancien soldat qui déteste les indiens et a fuit les horreurs de la guerre. On penserais presque à La Prisonnière du Désert mais le film semble aussi s'inspirer des films pro-indiens des années 70 comme Soldat Bleu ou Un Homme Nommé Cheval avant de carrément partir lorgner vers Rambo et Sergio Leone. Cette co-production entre Italie et Espagne nous offre donc une galerie de sudistes très sud de la méditerranée et des indiens d'Andalousie à l'image de la très jolie actrice espagnol Mapy Galan qui incarne cette héroïne libre, sauvage et forte. Même si le film force un peu le trait sur le sergent sudiste incapable de faire une phrase sans jurer comme un charretier en grimaçant de colère l'ensemble du casting est plutôt bien tenu et Scalps nous propose même quelques bonnes scènes comme le massacre d'un village indien ou les premiers instants de la rencontre entre l'indienne Yarin et le cow-boy fermier Matt Brown qui s'apprivoisent doucement. Le film est assez généreux dans sa représentation d'une violence qui reste pourtant discrète à l'écran avec forcément quelques scalpations bien gore, décapitations et surtout une douloureuse séquence de torture ravageant la poitrine du héros avec des griffes prises dans la chair et tirées par des cordes (Sans doute très inspiré par Un Homme Nommé Cheval)

Scalps va partir un peu plus en vrille dans sa dernière demi-heure lorsque le "couple" Matt Brown et Yarin est contraint de fuir dans les montagnes avec les soldats à leur poursuite. la jeune Yarin prend alors des allures de guerrière impitoyable décochant les flèches avec une précision chirurgicale, confectionnant en un rien de temps des pièges retors avec des fosses et des pieux en bois et tirant même des flèches explosives qu'elle sort dont ne sais où afin d'occire tout un bataillon de soldats tous plus crétins les uns que les autres. Si Scalps part un peu en cacahouète il reste dans le carcan du cinéma bis et ne propose rien de vraiment risible ou ridicule poursuivant son récit jusqu'à un final très Léonien concentré sur trois personnage dans la poussière, la sueur et le sang.

On ne va pas couper les cheveux en quatre Scalps est l'un des meilleur film du duo Claudio Fragasso et Bruno Mattei , l'histoire et la mise en scène tiennent la route, la photographie est plutôt jolie, le casting est convaincant et l'ensemble se regarde avec plaisir et amusement.