Bien avant le mouvement #MeToo, une sulfureuse affaire d'harcèlement sexuel éclate sur la FOX. Roger Ailes, directeur et responsable de la chaîne est accusé par plusieurs employées féminines d'avoir fait abusé de son statut de boss pour exiger d'elles des faveurs sexuelles. Jay Roach, réalise un biopic entre fiction et documentaire qui relate l'affaire du point de vue de trois femmes. Pour incarner ces trois femmes on retrouve trois actrices remarquables : Margot Robbie dans le rôle de Kayla, une figure de jeune ambitieuse; prête à tout mais qui déchante rapidement; Nicole Kidman qui interprète Gretchen Carlson, l'ex présentatrice vedette, qui, après s'être faite remercier, dénoncera bravement les scandales sexuels de la Fox; enfin, Charlize Theron dans le rôle ambigu de Megyn Kelly, à la fois victime et complice dans l'affaire, qui s’avéra être le personnage centrale de l'intrigue.


Même si ces trois femmes sont semblables physiquement, elles exposent des points de vues et comportements très différents face au harcèlement et comment elles se posent en victimes ou non. Dans ce travail de donner la parole aux femmes, la réalisation insiste parfois trop grossièrement. Des regards camera et discours direct au spectateur de la part des femmes rends le procédé peut être trop moralisateur. S'inserrent également au milieu du film de véritables témoignages d'anciennes employés victimes des abus de Roger Ailes, pour appuyer les faits à la fiction.


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La film dénonce aussi l'ambiance toxique médiatique. Tout nous fait comprendre que c'est "un media visuel" et qu'il faut se montrer si tu es une femme. Toutes les employées féminines , blondes ou brunes, adoptent l'uniforme recommandé pour se faire remarquer: robes moulantes, talons aiguilles, maquillage excessif. Et pour les plus ambitieuse, il faudra se baisser pour mieux monter. Les règles sont insidieuses mais ancrés. Le personnage de Margot Robbie en subit d'ailleurs les frais. Passant de la jeune optimiste désabusé à la véritable rebelle, c'est le personnage qui évolue le plus au long du récit, personnifiant ces femmes qui osent briser le silence malgré les pressions qui l'entourent.


C'est bien ce qui résonne le mieux du film car en réalité, la réalisation de Scandal n'a rien de sulfureuse. Un biopic assez classique, prenant son temps pour installer l'ambiance malsaine de la production Fox. Un univers très manichéen, ou les hommes au pouvoir sont des répliques de Trump et les femmes jouent à la fois les victimes ET les complices des actes charnellement. C'est cette troublante dualité féminine qui dérange au coeur du film. Par exemple avec le personnage de Elizabeth Banks, la collègue lesbienne de Margot Robbie qui refuse de savoirla vérité par peurdes répercussions négatives sur sa propre carrière. En montrant ces femmes qui acceptent de trop, qui participent même, jusqu'à nier l'évidence, cela dévoile la plus dérangante des vérités. Les femmes peuvent aussi faire preuve de cruauté les unes envers les autres.


Au final, Scandale n'a rien d'extremement féministe ou de percutant. Seules les actrices principales méritent le détour pour un récit chorale assez décevant. Une dynamique qui aurait pu être plus sombre pour un film sur le milieu journalistique. Un manque d'audace dans la réalisation qui rends ce biopic décevant et ne fait qu'éveiller notre curiosité autour de l'affaire. A savoir, qu'une série sur le même sujet, The Loudest Voice, a value le prix d’interprétation masculine à Russel Crowe aux Golden Globes 2020;

CelineLacroix
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le 22 janv. 2020

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