Harcèlement sexuel ou le scandale du racket des opportunistes sur les hommes de pouvoir ?

Je suis allé voir ce film à cause de la bande annonce, les quatre actrices McKinnon, Theron qu'on ne reconnaît pas ce qui me rendait curieux, Robbie toujours aussi belle et Kidman devenue plus artificielle que les acteurs CGI morts des disney, ainsi que des punch lines humoristiques qu'il y avait dedans. Theron (Albert à l'Ouest...), Robbie (Loup de Wall Street, Tonya, Harley Quinn...) et McKinnon (Ghost Buster, Pire soirée...) m'avaient déjà plu dans des films à humour sexy, je pensais me retrouver dans un truc du genre mais avec un fond sérieux comme the big short. Je ne connaissais rien à cette histoire réelle, si ce n'est que j'avais lu qu'elle avait déjà été adaptée en une mini série, mais que je n'ai pas vue.


Le film n'est pas marrant, les quelques punch lines comiques sont dans la bande annonce. Ce film consiste en fait en un agrégat de deux choses qui n'ont pas de rapport, mais qui ont comme point commun les thèses démocrates du moment.


Donc le premier point et qui n'est pas censé être le thème du film, est qu'on critique Trump, son électorat et les médias républicains. Gratuitement. Le premier est un con, les deuxièmes des abrutis et les troisièmes des fous paranoïaques. La gauche c'est tellement BIENNNN, la droite c'est le MALLL. Fox News c'est Fake News, la chaîne d'information bidon qui a fait élire Trump. Plus manichéen tu crèves. Si on regarde un peu plus en détail, il y a quelque chose de plus équilibré de montré, mais je ne sais pas si c'est intentionnel ou si c'est une interprétation de ma part. On nous montre la journaliste lesbienne démocrate que les médias démocrates ne veulent pas mais qui n'est pas discriminée à l'embauche chez Fox vu qu'on la prend et pas juste pour faire le pot de fleur vu qu'elle n’apparaît pas à l'antenne et qu'elle n'est pas placé dans des open space entourée de mâles en rut, Fox ne sait pas qu'elle est lesbienne et démocrate mais sait qu'elle est une femme, on aurait pu s'attendre à ce que dans un média si "machiste" seules les présentatrices soient des femmes pour vendre du sexe voire les assistantes pour servir du café avec pâtisserie et gâterie, mais que dans les bureaux de rédaction point de femmes vu qu'elles doivent faire tourner la popote à la maison et chercher les gosses. Ensuite elle explique qu'elle est coincée chez Fox car vu qu'elle y travaille, les médias de gauche la discriminent elle et ne voudront jamais d'elle. On nous montre aussi une rédaction de Fox News contenant beaucoup de femmes. Qui discrimine les femmes alors ? On nous explique que tous les médias nationaux quasiment sont de gauche et que les seuls à ne pas l'être sont tellement rares qu'ils sont tous dans le même bâtiment. Que donc dans un océan de propagande, vu que si un média est de gauche ou de droite c'est bien qu'il s'agit de manipulation de l'information et donc de la propagande, Fox News est le seul contre pouvoir des fake news de gauche. On nous dépeint un chef tyrannique et paranoïaque (empoisonnement du café, colis à l'anthrax, rumeurs de détectives...), mais qui se justifie par son enfance malheureuse et surtout par le fait que ses protections ne sont pas du tout inutiles vu qu'il tombe en se faisant enregistrer à son insu pendant un an et que l'anthrax dans les colis a réellement existé, bref il n'est pas paranoïaque, mais sur ses gardes à juste titre.
Enfin on remarquera que chez Fox News, à part des assistantes asiatiques et des juifs, tout le monde est blanc chrétien. Mais est ce la chaîne qui n'en embauche pas ou les noirs qui ne postulent pas pour ne pas cautionner ?


Le deuxième point est censé être le thème du film, le harcèlement sexuel et la chute d'un homme présenté comme un prédateur dominant, à l'instar d'un Weinstein, Roger Ailes, le créateur de Fox News pour le compte de la famille australienne Murdoch.
Et j'ai un problème la dessus, comme pour le point précédent je ne sais pas si le film veut nous montrer quelque chose de plus subtil ou si c'est moi qui l'interprète ainsi.
Donc du vrai harcèlement sexuel avec des externalités, il y en a. Il y a les 5-6 femmes en photos qui disent avoir fait l'objet de viols dans la carrière du gars avant la Fox, mais on rappelle dans le film que ces femmes viennent des décennies après pour profiter de ce qui est dans l'air du temps, il n'y a que leur parole contre la sienne, le fameux "he says, she says" où jusqu'aux années 90 on écoutait le "he" et depuis plutôt le "she". Et que donc il peut y avoir un doute sur le fait que ce sont des victimes ou des opportunistes. Toujours est-il que ce qui est reproché n'est pas anodin, clairement des viols voire de la pédophilie, et comme ça correspondait aux moeurs de l'époque, ça me semble crédible.
Il y a l'actrice de House et de Once Upon a time Jennifer Morrisson, qui est exilée dans une petite chaîne locale, qui a peur de Roger, mais on ne sait pas ce qu'il s'est passé. Pareil pour Tricia Helfer.
Mais surtout, il y a la seule scène clairement non ambiguë de harcèlement du film avec l'actrice de "Counterpart" la sublime iranienne Nazanin Boniadi qui refuse de coucher et se fait virer. Mais ce n'est pas avec Roger Ailes. C'est la seule fois du film où tout est présent pour qu'il y ait du harcèlement selon moi, c'est à dire quelqu'un de puissant qui demande sans ambiguïté des faveurs sexuelles à quelqu'un qui est dépendant de lui, et dont il est sûr que si la personne refuse, il y aura des conséquences. Tout est important, là dedans, c'est le puissant qui fait la demande au moins puissant, il faut que ça soit sans ambiguïté et il faut qu'il y ait des conséquences en cas de refus. Si il manque l'un des trois éléments ça n'est plus du harcèlement sexuel, c'est juste une expression du désir bien insistante et lourde, ou bien un quiproquo.


Et on en arrive aux trois actrices de l'affiche, incarnant trois présentatrices clones, blondes blanches, poupée barbie d'âges échelonnés : nées dans les années 60, 70 et 80, qui représentent la présentatrice type aux différentes époques de sa vie, la présentatrice en devenir, celle au sommet et celle en déclin. Respectivement celle qui doit faire des choses pour réussir, celle qui a fait des choses et a réussi, et celle qui a fait des choses mais est remerciée.


Le personnage incarné par Kidman ne comprend pas que pour qu'il y ait harcèlement il faut que ce soit un puissant sur un moins puissant, et se plaint de gens anonymes avec un téléphone qui disent des choses sur internet, alors qu'elle est puissante. Typiquement la petite fille pourrie gâtée qui pleure la bouche pleine. Elle est une vraie tête à claque. Elle enregistre son patron impuissant lui faire des remarques salaces, prémédite son renvoi en le provoquant à multiples reprises en se montrant par exemple sans maquillage -une faute professionnelle amha- et obtient 20 millions de dollars pour cela. Le film indique bien qu'elle n'a jamais couché, mais qu'elle a du, comme les autres, montrer ses jambes qui ensuite seront vues par des millions de téléspectateurs qui recherchent la même chose. Bref à l'image de certaines victimes de l'affaire Weinstein, elle a du faire devant lui ce qu'elle fera ensuite devant la caméra. Et lui s'est peut être branlé devant la scène comme Weinstein le faisait, à l'image du spectateur qui le fera devant sa télé. Bref s'offusquer de ça, c'est comme s'offusquer du réalisateur du film pour adultes qui fait faire un essai avec ses nouvelles actrices en "se dévouant". C'est le concept même du casting / entretien de recrutement, avoir un avant goût de ce qu'on fera ensuite. Donc si on propose de faire des choses glauques devant une caméra, faut pas s'étonner qu'on le demande caméra off. Elle a refusé de coucher, mais n'a pas eu de conséquence vu qu'à son âge canonique pour la télé avait toujours une émission et c'est en dépassant la cinquantaine qu'elle s'est retrouvée sur une autre case horaire.


Le personnage incarné par Theron ne comprend pas qu'elle fait partie de l'élite. C'est son mari qui doit le lui rappeler. Elle castre bien son mari en lui rappelant que c'est elle qui paye les factures et leur fournit leur train de vie, mais non elle pense être une oie blanche en situation de domination. Deux poids deux mesures. Elle fait des photos de charme, à l'image de Charlize Theron, et vit donc de son image de femme sexy, mais ne supporte pas les externalités de la chose. Si son métier consiste à exploiter son image de femme sexy, son corps devient son outil de travail. Si elle ne souhaitait pas le montrer, il ne fallait pas commencer dans cette voie et en tirer des bénéfices. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. De nouveau une petite fille qui pleure la bouche pleine. C'est là que le tweet de Trump prend tout son sens "Trop intelligente pour être sexy, pas assez sexy pour ne pas être intelligente".
En plus elle indique qu'elle s'est refusée trois fois à Roger, mais qu'après il ne l'a plus sollicité et on sait que sa carrière n'en a pas pâti, même si il lui avait dit le contraire selon elle. Donc niveau harcèlement sexuel c'est clairement inexistant. Juste un gros lourd qui lui disait qu'elle était bonne et qu'il se la ferait bien.


Et enfin le personnage de Robbie. Elle va solliciter l'assistante de Roger toute seule comme une grande dans une robe sexy, on fait bien remarquer via le personnage de McKinnon qu'elle l'est, puis est transie de peur parce qu'elle montre moins que ce qu'elle montre sur la plage ou que les autres présentatrices en plan large ne montrent. Ridicule. Tu fais la pute ou non, faut choisir. Tu viens pour t'exhiber sur un plateau et faire de ton corps un produit, mais tu veux pas t'exhiber chez le producteur. Là c'est la michetonneuse qui fait sa vierge effarouchée. Ensuite il y a une scène qu'on ne voit pas le jour où elle rentre dans le bureau en même temps que Kidman, mais qu'elle raconte ensuite où elle dit qu'il a demandé plus mais que son pantalon n'a même pas été enlevé vu qu'il était impuissant, et elle pleure. Je pense qu'on est censé ressentir de l'empathie, mais ce ne fut pas mon cas, je me suis juste dit "et alors quoi il ne s'est rien passé alors ?".
En plus il y a un truc très singulier sur le film avec elle, c'est que de tout le film, pour un film censé parler de relations sexuelles d'hommes sur des femmes, la seule scène de sexe est une scène lesbienne consentie. Le seul sexe existant dans le film. C'est voulu ou c'est moi qui interprète ? Je ne sais pas.


Et donc au final les vraies victimes de viol et de harcèlement n'ont rien, la manipulatrice qui a piégé son patron à qui elle doit sa carrière, pendant un an d'enregistrements puis organisation de son départ en cumulant les fautes, ressort avec 20 millions. Un peu la même histoire que le #metoo où les filles grassement payées et qui ont eu une vie rêvée de princesses des temps modernes se plaignent pendant que les vraies victimes de couches sociales inférieures comme celles des viols de Telford, sont toujours laissées pour compte.
Il y a la même ambiguïté dans le film de Margot Robbie "Tonya" entre ce qu'endurent les femmes de la classe supérieure et celles de l'inférieure. Dans ce film là il s'agit de violence faite aux femmes plutôt que de harcèlement. Toujours plus pour les unes, même si on en fait déjà trop (en 2016 de ce film pas en 1994 de l'autre film), pas assez pour les autres.

wasabi
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le 26 janv. 2020

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