Des adaptations de Macbeth il y en a eu des tas. Au moins une par décennie depuis les années 40. Ce n'est pas pour rien : l'écriture de Shakespeare met toujours en évidence les personnages et leurs conflits internes tellement intenses qu'on s'y retrouve. Ici, Billy Morrissette se permet un petit détournement du script initial en plaçant l'intrigue non plus dans un chateau mais... dans un fastfood. Ce que cherche Macbeth n'est donc plur à être roi, mais plutôt à être son propre boss, d'être LE boss de ce restaurant.

C'est plutôt efficace. La situation absurde n'enlève rien à la profondeur des conflits ni à leur intensité. Quand James LeGros (surnommé le Brad Pitt des films indie) tremble de ce qu'il est en train de devenir, quand il perd la boule, c'est aussi poignant que dans la pièce d'origine. Evidemment il y a une plus belle part de réécriture, il faut adapter par rapport à l'espace, jouer des éléments propre à la situation. De plus, l'auteur en changeant de lieu, change aussi d'époque, et choisit les 70's pour ce faire. Là aussi il faut adapter les personnages. Ainsi Malcolm Duncan, ce jeune ado rebel qui fait sa crise, est désormais un wannabe rock star qui préfère jamer sans un vieux garage plutôt que de prendre la relève en tant que manager du fastfood de papa. Le choix de l'époque est plutôt judicieux et permet de bien se poiler.

Billy Morrissette, c'est avant tout un acteur (même si après Scotland Pa il faudra attendre 10 ans avant qu'il ne refasse surface sur le petit écran). Scotland PA, c'est son seul et unique film. En tant que première réalisation, on aurait pu cracindre le pire, le sujet étant somme toute assez difficile à mettre en scène (Macbeth déjà est complexe, mais en plus en l'adaptant à une autre époque!). Et bien globalement c'est réussi. Ca manque peut être parfois de personnalité, mais malgré tout il y a des plans réussis, des gags renforcés grâce au cadrage etc. Le réalisateur en herbe réussit à offrir quelque chose de cohérent et efficace. Les acteurs ensuite sont tous énormes. James Le Gros en Macbeth vendant des burgers et inventeur du drive in, épate lorsqu'il s'agit de représenter la folie. Lady Macbeth est toute aussi prenante. Whristopher Walken incarne lui un Mcduff végétarien et dépassé par les évènements. Un beau petit monde bien dirigé.

Pour terminer, je dirai que le défaut du film tient de quelques longueurs, d'un petit manque de rythme par moment. Peut être avec plus d'expérience ent ant que réalisateur, ce problème aurait pu être résolu. Ca n'en reste pas moins une très bonne comédie que je recommande avidement.
Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 7 oct. 2012

Critique lue 253 fois

2 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 253 fois

2

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

122 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

109 j'aime

55