En grand opportuniste qu'il est, capable quand il veut d'éclairs de génie ("La dernière maison sur la gauche", "Les griffes de la nuit") ou encore d'une certaine efficacité ("Le sous-sol de la peur"), Wes Craven, accompagné du scénariste Kevin Williamson, ne pouvait décemment pas passer à côté de la "chance" offerte par les ogres Weinstein: revenir à Woodsboro avec un quatrième "Scream", un peu plus de dix ans après un numéro trois de triste mémoire, histoire de rameuter les fans de la trilogie originelle et surtout de s'en mettre plein les poches.

Si le post-modernisme du premier volet était sympathique et renouvelait un tantinet le slasher, donnant lieu à un nouvel engouement pour le genre à la fin des années 90, ce nouvel opus va vite s'effondrer, cachant ses intentions purement mercantiles et la vacuité total du film derrière une soit-disant déconstruction du genre, pointant du doigt la mode des reboots / remakes / suites en série alors qu'il n'est en fait rien d'autres que ce qu'il dénonce.

S'ouvrant sur un prologue délicieusement con et roublard (quel pied de voir Veronica Mars trucider cette cruche de Sookie Stackhouse !) résumant à lui seul le film, "Scream 4" va passer presque deux heures à tirer sur l'ambulance, se moquant stupidement et très artificiellement des tares et des lieux communs dont souffre le genre tout en ne cherchant jamais à innover scénaristiquement, Williamson jouant sans cesse au petit malin mais ne proposant que des scènes prévisibles et tombant sans cesse dans les clichés qu'il est censé contourner, quand il n'a pas carrément le culot de s'autociter ! Un propos détestable et puant, témoignant du regard hautain d'un scénariste envers un genre auquel il est censé rendre hommage et qui à fait sa "renommée".

Le père Craven, de son côté, ne se foule pas des masses non plus, jouant la carte de la réunion de famille mais sans jamais choisir entre vieilles gloires oubliées de l'épisode fondateur ou nouvelle génération, filmant sans réelle tension ni passion un script inepte pétant plus haut que son cul, aux personnages complètement vides, ne profitant même pas de l'avènement du numérique et de la révolution des réseaux sociaux pour apporter un peu de sang neuf à une saga qui en avait bien besoin.
Gand-Alf
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le 11 juil. 2012

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