Octobre 1964, Martin Luther King Jr. reçoit le Prix Nobel de la Paix. Quelques jours plus tard, les attentats ségrégationnistes perdurent. Le droit de vote n'est pas garantie pour les communautés noires dans les Etats du Sud et particulièrement à Selma, Alabama.

Ava DuVernay réalise un long métrage sur un combat historique. Un combat qui lui tient à cœur depuis toujours. La réalisatrice afro-américaine a habité en Alabama à quelques kilomètres de Selma. Son beau-père a vécu la marche historique entre Selma et Montgomery. Et ici, Ava DuVernay reconstitue les évènements sans tomber dans le cliché du Biopic classique.
Et d'ailleurs plus qu'un Biopic, Selma est avant tout un drame historique. Ce n'est pas anodin si le film se nomme Selma! Le long métrage ne reconstitue pas la vie de Martin Luther King. Bien au contraire, le film évoque le combat des afro-américains de Selma. Le combat des afro-américains du Sud des Etats-Unis. Le combat de toute la communauté noire.
Scénaristiquement, Selma est intelligemment écrit. Riche sans pour autant se disperser. Les marches de Selma à Montgomery portent tout le long métrage. Même si un grand nombre de personnages est développé, Ava DuVernay maitrise l'histoire. Certains reprocheront un film partial. Certes le parti pris de la réalisatrice est visible et non caché . Mais outre la vision de King, de Young... celles de Lyndon Johnson ou du gouverneur George Wallace sont aussi développés.
En revanche, la réalisation n'est pas marquante et plutôt classique sauf sur deux trois plans. La musique joue malheureusement un rôle trop larmoyant. Seule la photographie sombre et sobre de Bradford Young donne un véritable souffle au film. Les personnages, eux, sont très bien interprétés par un David Oyelowo très convaincant et un Tom Wilkinson juste. Tim Roth lui est excellent dans les rares séquences où il apparaît à l'écran.

La qualité de Selma réside essentiellement dans son scénario. Un scénario qui fait directement écho aux évènements récents de Ferguson, et au chemin qu'il reste à accomplir. C'est là toute la force du film.

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le 15 févr. 2015

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Rajdevaincre

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