Austère, exigeant et dense, Semaine sainte, le troisième long-métrage d'Andrei Cohn, est une adaptation libre d'un court roman roumain. Son cadre est bucolique, l'époque indéterminée : au début du XXe siècle, semble t-il, avant les atrocités du nazisme et du bolchevisme, en tous cas. Le petit village a beau paraître tranquille, de grandes tensions y sont pourtant présentes et la présence d'un aubergiste de confession juive n'y est sans doute pas étrangère. Le film analyse les mécanismes de l'ostracisme et de la haine, au sein d'une sorte de huis-clos à ciel ouvert, où une simple étincelle serait susceptible d'allumer un incendie. Le film est surprenant, non seulement pour ses saisissantes scènes d'ouverture et de clôture, mais aussi pour son intrigue qui devient aussi folle que ses personnages, avec la peur, ou bien est-ce la paranoïa, pour moteur. Le cinéaste se défend d'avoir réalisé un film politique mais il en a pourtant toutes les caractéristiques, surtout à l'époque actuelle, marquée par l'intolérance et la véhémence. Semaine sainte prend son temps pour amener son récit vers son inéluctabilité. Mais les temps morts y sont rares, dans un paysage rural somptueux qui contraste d'autant plus avec les outrances et les aigreurs humaines.

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le 8 avr. 2024

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