Certains critiques qui ont ironisé sur les mises en scène à grosses ficelles de John Sturges, ont été surpris en 1967 avec Sept secondes en enfer qui a fait taire un temps les mauvais esprits, car le réalisateur livrait plus de 10 ans après Règlement de comptes à OK corral le grand western qu'on attendait de lui. Pourtant, il est beaucoup moins connu que les Sept mercenaires, Fort Bravo ou même le Dernier train de Gun Hill, il n'a qu'une petite réputation auprès des fans de westerns dont je fais partie. Le film débute là où Règlement de comptes à OK Corral s'était terminé, c'est à dire après le duel de Tombstone, et d'ailleurs Sturges commence son film par le duel qui logiquement devrait clore en beauté n'importe quel western. Il s'attache surtout à décrire les relations entre le marshall Wyatt Earp et Doc Holliday qui sont dépeints comme 2 héros vieillissants, pour eux, le soleil se couche sur l'Ouest, il est temps de rengainer les Colts, Holliday est tubar dans un sanatorium du Colorado tandis que Earp pense à sa vengeance, à la recherche d'un passé glorieux après avoir tous deux exécuté un dernier coup contre leurs vieux ennemis les Clanton.
John Sturges réalisait donc un western magistral, précis et bien construit, un peu comme une tragédie classique, avec une lenteur calculée, un scénario assez dense qui prolonge à merveille le duel d' OK Corral en l'éclairant d'un jour nouveau, et en mettant l'accent sur les notions de courage et d'amitié servies par 2 excellents acteurs comme James Garner (Earp) et Jason Robards (Holliday). On peut voir ce film comme un western désenchanté, une sorte de désacralisation et de démythification du genre, qui n'était pas plus respectueux que son prédécesseur de la réalité historique, préférant la légende, mais une légende flamboyante. C'est enfin une sorte de western-testament pour Sturges, son ultime apport à un genre qu'il a si bien servi, car ses 2 derniers westerns Joe Kidd en 1971, et Chino en 1972 auront beaucoup moins d'éclat et ne serviront que l'image de Clint Eastwood pour le premier, et celle de Charles Bronson pour le second. A noter aussi la très bonne partition de Jerry Goldsmith qui apporte un soutien appréciable à cette ambiance un peu noire.

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le 9 nov. 2016

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