Un Homme en Colère

Dans la vie, on ne choisit pas toujours ce que l’on veut faire. On se retrouve parfois à embrasser une carrière à contrecoeur, à devoir accomplir des tâches que l’on répugne faire, et le pire c’est que bien souvent, on ne fait rien pour en changer, comme ci chacun avait sa croix à porter. Cette histoire c’est un peu celle du Boucher que l’on avait un peu perdu de vue depuis la sortie de Carne. Un bref rappel des faits s’impose donc par une introduction digne d’un album photo faites de tristesse, de regrets, et de rancoeur mâtiné d’une grande frustration refoulée. Après son départ de Paris, l’homme doit avant tout se reconstruire une vie aux côtés d’une vieille harpie qui lui promet une nouvelle boucherie, mais les promesses n’engage que ceux qui y croient. Alors devant le fait accompli, le boucher devient Veilleur de Nuit. Mais sa mégère odieuse et insatisfaite le pousse à bout, les railleries et humiliations deviennent son pain quotidien, car c’est elle qui porte la ceinture, c’est elle qui possède les créances, et c’est encore elle qui tranche symboliquement le saucisson en rondelles en même temps de le priver de ce qui reste de sa masculinité et c’est d’ailleurs justement à ce moment précis que la rupture intervient, et que la bête enfuit en lui, reprend ses droits. Alors le boucher, ultra vénère, il l’a cogne bien comme il faut dans le bas ventre, histoire de fracasser le bébé en gestation parce que c’est probablement un service qui lui rend, avant de s’emparer d’un pistolet et de retourner à son ancienne vie.

Une fuite en avant, un retour en arrière, le réflexe d’un homme sans aucun autres repères que son quartier natal. Les choses ont bien évolués depuis, excepté cette chambre d’hôtel décrépit qu’il avait fréquenté lorsqu’il avait enfanté de sa fille. Donc afin de retrouver un environnement qui lui est familier, le boucher va louer la même chambre et errer dans les environs dont il connaît les moindres recoins pour tenter désespérément de reprendre sa vie en main et de retrouver une forme de normalité et d’épanouissement. Seulement, comme vous le savez sûrement, on ne se refait pas si facilement. L’heure est à la grande dépression et aux hypermarchés, alors on délaisse un peu plus les commerces de proximité. Et comme son champ de compétence ne mène pas bien large, le pauvre bougre ne trouve pas de boulot, pas même assez qualifié pour le directeur de l’abattoir avec qui il avait longtemps noué un partenariat. En désespoir de cause, rejeté par tous, y compris par ses amis, l’ancien boucher devenu clochard se laisse tourmenter par ses monologues intérieurs et commence à fomenter l’assassinat des personnes responsable de ses malheurs, avant finalement de se raviser. La haine est alors à son paroxysme, mais la raison maintient encore son équilibre psychologique précaire.

En pleine état de confusion, et le coeur lourd, il va vouloir retrouver la seule personne qui ne l’ai jamais aimé, sa fille Cynthia, toujours interné en psychiatrie, et qu’il va ramener dans sa chambre d’hôtel pour avoir des relaxions sexuelles avec elle. On sera tenté d’y voir une forme d’amour, plus fort, plus démonstratif, plus progressiste, un peu comme les rapports de Klaus Kinski avec sa fille dépeint dans son autobiographie Crever pour vivre, où il balançait déjà sans vraiment l’avouer que lui aussi avait commis le péché interdit. Mais le fait est que les honnêtes gens ne pourront jamais comprendre, et qu’il s’agit avant tout d’un acte pervers et incestueux. D’une certaine façon, c’est surtout pour tenter de se justifier et se rassurer dans sa déchéance. Ce n’est peut-être pas une mise à mort comme il l’avait imaginé, mais cela à tout d’un dernier acte désespéré.