Une histoire d'amour entre deux collègues de travail, cela pourrait sembler presque banal. Mais peut-être un peu moins quand il s'agit de deux prostituées, dans une maison close de Berlin. Henrika Kull a tourné Seule la joie dans un véritable lupanar, avec notamment plusieurs "professionnelles", ce qui confère véritablement un parfum d'authenticité dans un endroit, et cela pourra surprendre, qui est considéré par toutes comme une sorte de refuge où la possibilité de dire non à un client existe. D'un autre côté, la caméra de la réalisatrice fait preuve d'une crudité très réaliste dans les scènes de sexe, une obligation pour montrer qu'il ne s'agit pas d'un métier comme un autre et que, dans ce lieu où l'amour est une marchandise, peut naître une pure histoire de sentiments. Très découpé, le montage de Seule la joie se révèle chiche en dialogues, ne laissant filtrer que quelques informations succinctes sur ses deux héroïnes. Tout passe par les regards et les sourires entre ces femmes surprises et décontenancées par ce qui leur arrive, elles qui n'ont ni le même âge ni la même vision de leur travail. Il y a sans doute quelque chose d'inabouti, de frustrant et de flottant dans le film mais c'est précisément cet aspect-là qui lui donne un cachet particulier et en fait une œuvre intime et impudique et, en même temps, délicate, avec les interprétations remarquables de Katharina Behrens et de Eva Collé (qui se fait appeler aussi Adam Hoya).

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le 14 oct. 2022

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le 14 oct. 2022

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