Le plus étonnant c'est qu'il suffisait de réfléchir un instant, de ne pas jeter ton flingue mon bon Somerset, pour qu'aujourd'hui je ne sois pas éternel.

Enfin pas vraiment moi, mon œuvre. C'était mon but, faire rentrer dans les têtes que tout n'était pas acceptable, que le torrent de boue qui s'étalait sous nos yeux, aux coins des rues, à la télé, dans les journaux, n'était plus supportable, et gueuler ne servait plus à rien !
Il fallait le scarifier sur les fronts, que la cicatrice ne s'efface pas.

Noircir des pages ne suffisait plus, vomir la banalité de leurs vies non plus. Il fallait susciter l’intérêt de tous ces dégénérés.

Te regarder droit dans tes yeux et te demander : « j'ai toute ton attention? ».

Dis-toi bien que tout ne fut pas facile. La patience aide pas mal mais il faut surtout de la volonté pour faire manger un homme jusqu'à ce que son estomac explose. Faire les courses tous les jours, vider le seau, toussa toussa, et ne pas oublier d'aller tirer le portrait du dealer pédophile devenu légume. Tous les putain de jours que Dieu fait, une volonté infaillible, et tout faire pour que ça reste pour toujours, que ça brille pour des millions d'années et que les fronts soient marqués de mon feu. Pour toujours!

Mais surtout faire que mon œuvre soit inattaquable, qu'on la dissèque, qu'on l'étudie de près, sous toutes les coutures et que la révélation explose aux yeux de ceux qui avait oublié que nous n'étions pas là, nous les hommes, pour se complaire dans la fange, pour mentir, pour pourrir.

Vous m'avez bien aidé, toi et Mills. Vraiment, sans lui, rien n'aurait été aussi flamboyant, un pantin entre mes doigts experts.

Et toi aussi. En jetant ce flingue. Tu m'as déçu, un peu, aussi.

Il aurait suffit que toi, serein, tu t'approches, en posant ton canon sur ma tempe, pas aveuglé par cette colère que je convoquais et qui le consumait, lui.

Sans toi pas de chef d’œuvre Somerset. Sans toi pas d'éternel.

Merci. 
DjeeVanCleef
9
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le 30 juil. 2013

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DjeeVanCleef

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