Sexandroide
Sexandroide

Moyen-métrage de Michel Ricaud (1987)

Le pouvoir de la chair sur l'existance des robots

Un vrais délice que de découvrir aujourd'hui Sexandroide. Je n'ai pas trouvé d'objets pareils depuis ma période nanars hébergés sur megaupload, la belle époque où les collectionneurs numérisaient toute leur collection de VHS pour la mettre en ligne et faire profiter les novices de véritables pépites du septième art aujourd'hui tombées dans l'oubli. Sexandroide en fait évidemment partie, parce qu'à part les fans de Jean Rollin, je ne vois pas qui pourrait être intéressé. Et pourtant, ce film regorge de nanardise à tous les niveaux, et parvient à créer un charme assez payant, son expérimentation déclenchant régulièrement des fous rires incontrôlables chez le spectateur.


La première partie nous montre donc une femme typique des années 80 (coiffure de rockeuse, robe moulante colorée, maquillage surpassant la dose mensuelle de Maurice le transsexuel du 4ème), qui boit un jus d'orange. Un mystérieux inconnu sort sa photo et la pose sur une table. Puis il sort un ongle qu'il pose dessus. Puis une mèche de cheveux. Pendant ce temps, la caméra zoome sur la main de la fille, pour bien qu'on soit sûr que c'est elle et que le caméraman ne s'est pas gourré de figurant (c'est difficile de distinguer les acteurs des figurants dans ce film, ils jouent tous aussi bien les uns que les autres, sauf quand la caméra zoome sur eux et là, ils ne savent plus quoi faire). Et là, le mec nous sort une épingle à cheveux. Puis un bijou. Bordel, il lui a piqué tout son sac à main ou quoi ? C'est la galère le sortilège vaudou en fait ! Enfin il choppe une statue en cire et commence à lui faire des choses avec ses doigts. La fille, prise de maux de ventre, se rend donc dans les toilettes. Et là, le potentiel nanar explose ! Le type arrache les vêtements de la statuette. Et là, on voit la fille qui se fait arracher et déchirer ses vêtements par un technicien qui se trouve toujours caché dans le hors champ, pour nous faire croire que les vêtements s'arrachent tout seul. L'actrice, vêtue de dessous érotiques, se met alors à geindre. " Oh non... Non... Mais que se passe-t-il ?... Non... Non... Arrêtez...Mmmm... Non..." Le réalisateur a quand même essayé de faire un truc chiadé pour donner du sens à la scène en planquant le technicien derrière un miroir, pour donner l'impression que c'est le reflet de la fille qui lui arrache ses vêtements. C'est une bonne idée. "Noooon !... Ooooooh... Ooooooh... Non !... Non !...". Là, le type enfonce des aiguilles dans le vagin de la statue. L'actrice complètement nue (c'était nécessaire pour l'intensité dramatique) commence à se masser l'entrejambe. "Mais qu'est-ce que c'est ? Hmmmmmmmm... Mais qu'est-ce que c'est ?... Hmmmm... Hmmmm...". Du sang coule de la statue. "Mais c'est du sang !... Mais c'est du sang !... Hmmmmm... Hmmmmm..." On culmine dans le gore avec le final, dans une scène qui rappelle Blow Out de DePalma (qui aurait surement apprécié le résultat). Faut pas tout spoiler non plus. Mais déjà, on sait qu'on a affire à un professionnel, qui a vu Mad Mutilator et Trepanator avant de se lancer dans le milieu (hélas, Dinosaur of the deep les a balayé d'un revers de chaussette).


La seconde histoire, la plus longue, est un peu plus intéressante, et tout aussi drôle. Le film commence par un plan d'une minute sur la réserve de bouteille de vin dans la cave d'un bar. Puis une figurante qui a été choisie pour sa ressemblance avec Elvira entre dans le champ. Il est assez évident que le doublage qui en a été fait est absolument horrible, transformant une simple respiration stressée en grognements apeurés avec déglutition violente et remontées glaireuses (les cris de la première partie étaient aussi à ce niveau, mais comme le réalisateur tournait visiblement dans les toilettes d'un bar à l'insu de toute la clientèle et du patron, il ne pouvait pas faire trop de bruit. Là, on est dans une cave, et ils ne font toujours pas de bruit. Soit il n'y a pas de son, soit le réalisateur veut vraiment expérimenter un truc. Bref, la fille met 4 minutes à descendre un escalier de 20 marches, avec des yeux globuleux montrant qu'elle a très peur. Puis elle arrive dans une pièce. Là, un type entre, caché sous un drap. "Hou ! Hou !" Apeurée, elle l'abat avec un flingue, le type a une violente agonie de 3 secondes pendant lesquelles il prend en levrette son pantalon, puis il se relève. Casse lui la gueule ! Et puis non il s'en va. La fille se dit alors que c'est le bon moment pour SE DESHABILLER. C'était le bon moment, je confirme. Elle prend un fouet et se met à le lécher goulument. Vas y, cochonne ! La séance de fouettage est l'une des plus drôles que j'ai pu voir de ma vie avec 50 nuances de grey, une véritable danse comme dans les comédies musicales. Et là, le type revient. Enfin, je dis le type, mais quand on voit sa gueule, il est évident que sa mère était une guenon. La fille se cache sous la table, mais pas assez, car on voit son fessier proéminent qui se dandine en dépassant de sous la nappe... Commence alors l'orgie gore, où la fille surjoue sans arrêt la douleur pendant que le bourreau répète inlassablement : "Gnééé... Hé...Hé.. Hiiin...Hinnn... Gnééé... Rrrrrrr...". Là arrive la polémique, car parmi les sévices qui nous sont montrés, certains donnent vraiment l'impression d'être non simulés (le perçage des tétons est peut être accomplis avec des prothèses très réalistes, mais celui de la poitrine...), surtout en voyant le côté z très fauché du film. D'autres sont tout simplement efficaces comme la séquence coupage de bras. Malheureusement, le jeu d'acteur ruine toute tentative de sérieux, la fille allant même jusqu'à se couper un sein au rasoir avant de crier de douleur alors que ça fait 20 minutes qu'on la taillade sans interruption. Encore une fois, fin gore plutôt dégueu, avec des symboles absolument what the fuck mais on s'est bien marré.


Le dernier segment est celui qui fait le plus penser à Jean Rollin. Il commene d'ailleurs de façon plutôt esthétique malgré le cheap de la mise en scène. Un cercueil, une veuve grimée comme dans Dellamorte Dellamore, on part bien. Puis elle ouvre le cercueil. Là, le cadavre ouvre les yeux et l'attaque. Vampire ? Le type attrape la fille et commence à lui arracher ses vêtements. Bonne idée. La fille se débat, enfin elle agite les membres qui ne sont pas tenus par le type et elle enlève les bouts de tissus déchirés parce qu'il est hors de question de continuer à porter des vêtements abimés. Là, le type la mord au cou. Vampire. Puis il retourne dans le cercueil façon Bela Lugosi. Quoi, c'est fini ? Un petit plan sur le cou pour bien voir que c'est juste du sirop, puis fondu vers le noir. Et là, c'est le déchaînement ! La femme à poil se relève. Elle a été maquillée en blanc (enfin, juste la tête) et porte maintenant un dentier. Une musique de hard rock soft sort d'on ne sait où. Et elle se met à nous faire un spectacle érotique gratos en dansant sur du rock ! Non, c'est pas possible de voir ça dans un film expérimental ! Mais siii ! Elle shake le boule au dessus du cercueil, fait du pole dance autour d'un chandelier, se courbe dans toutes les positions ! Ma foi, il y a là de quoi réveiller les morts ! Et là, le vampire ressort carrément du cercueil (juste la tête) et se met à mater comme un gros salaud le petit spectacle érotique. Un peu comme nous quoi ! Si ça se trouve, l'acteur était même pas prévenu, alors, comme il est pas payé, je vois pas pourquoi il se priverait. On a même le gros plan où il a un petit sourire en coin, genre "j'aime ce que je vois." Et elle nous fait ça pendant deux musiques d'affilée ! Elle vient d'où cette musique d'ailleurs ? Y a une fête à l'étage ? Et pourquoi y a une bannière Skyrock dans le fond de la pièce ? Rahhhh, l'expérimental, j'y biterai jamais rien, moi ! Quoi qu'il en soit, le sketch se termine sur la fille qui rentre dans le cercueil avec le vampire qui fait style je referme le couvercle sans l'aide des deux techniciens en hors champ, tout en accrochant un petit écriteau "Ne pas déranger". Vraiment, quand on voit ce qui passe à Cannes aujourd'hui, y a pas à dire, c'était mieux avant !


Au fait, j'ai pas vu de robots. Alors pourquoi est-ce qu'ils ont Woah, mate un peu cette paire de nichons ! Woaaaa.

Voracinéphile
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le 1 juin 2015

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