N'en déplaise à Woody, la masturbation ce n'est pas toujours faire l'amour avec quelqu'un qu'on aime

Michael Fassbender est Brandon dans Shame, prix d'interpretation masculine à la Mostra de Venise en 2011.
Au delà de la réaction de pucelle de 14 ans et demi clamant tous azimuts le charme ravageur de cet acteur "subtilement sobre et follement audacieux" comme l'écrit Marianne, je calme mes ardeurs virginales pour laisser l'objectivité reprendre partiellement le dessus. Je vanterai donc le jeu subtil orchestré par Steve McQueen et rondement mené par Fassbender le magnifique et Mulligan dont la filmographie est plutôt sympathique avec entre autres Orgueil et Préjugés, Public enemies, Drive, Gatsby.

Brandon est un bellâtre trentenaire, seul dans un appartement new-yorkais, ville où il travaille. Alliant charisme et séduction discrète, ce beau gosse a en fait un goût obsessionnel pour le sexe et passe son temps à se tripoter la tige sous les gémissements avertis des quelques actrices pornographiques, sextapeuses et assimilées qu'il regarde quotidiennement avec un détachement relativement troublant. Spirale de l'addiction donc, la double péné devient la norme suprême et l'hardcore ne l'est jamais assez.

J'ouvre une parenthèse consacrée au sexe Roccosiffredien de Michael Fassbender, sexe à faire trembler la moyenne sénégalaise valant le coup d’œil. Si cet argument n'est pas suffisant pour que vous regardiez le film, vous êtes perdu à jamais. Parenthèse vite refermée, vous noterez ma brillante immersion dans l'esprit de l'acteur principal.

C'est dans ce tableau pour le moins idyllique que débarque Sissy, soeur (un peu) instable qui s'installe chez lui. Elle le renvoie à son problème.
Le malsain déjà omniprésent s'exacerbe alors. (La relation entre frère et sœur déjà étrange est violente, différence notable du rapport à l'intimité avec en toile de fond, une espèce de tension sexuelle (discutable) et une pudeur inexistante.)
Cette sœur qualifiée de parasite va vite troubler l'addiction de Brandon. En effet, qu'il est difficile de se masturber dans un trois pièces sans être vu ni entendu. "What a shame, shame on you" dirait Ophélie Winter, le sex addict est démasqué !

Brandon émeut par son incapacité aux relations humaines, normales et stables. Il échoue dans son désir de nier l'addiction ou de la repousser, et cet échec, ce trouble qui l'anime fait de lui un être dérangé et dérangeant. La prise de conscience de l'anormalité fait de lui une victime de son addiction.
Devant la télévision, avec sa sœur, il lui tiendra ce discours blessant : "cesse de te positionner toujours en victime".
Le film en lui même n'est il pas la volonté d'un processus de victimisation tendant à aboutir sur le "malheur" du concerné malgré le caractère relativement dégueu, pour ces dames, de son addiction? Guillemets nécessaires faute de justesse. Désorienté, décontenancé, malheureux, seul, abandonné, Brandon attise compassion ou dégoût, à votre guise.
LaurenceLafleur
8
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le 17 juin 2013

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