Un essai très personnel de Steve McQueen, une étude humaine au microscope, celle d’un homme désespérément seul et réduit à des pulsions sexuelles sans espoir. La caméra cherche les angles les plus étudiés, la recherche sur les couleurs est intéressante et Michael Fassbender est très efficace dans la composition de ce zombie du sexe, ce handicapé de l’amour qui erre de soir en soir en quête de l’impossible objet qui pourrait combler son manque. Carey Mulligan est également très juste dans la composition de cette sœur qui m’a rappelé celle du jeune héros de L’Attrape-cœurs - ce chef-d’œuvre de Salinger auquel McQueen me semble lié à plus d’un titre - par le lien privilégié qu’elle entretient avec son frère. C’est elle qui apporte ce soupçon d’âme dans ce monde aride, ce contrepoids qui renforce le propos par une touche de contraste et le rend ainsi un peu moins monolithique. Dans une des premières scènes où elle apparaît, son interprétation de New York New York, chavirante et totalement originale, vaut à elle seule le détour… L’ensemble est très fin, très stylé, très esthétique, un peu glacé sans doute mais c’est légitime puisque la froideur est au centre de cette étude. Mais, dans sa sécheresse sans concessions, c’est une œuvre bourrée de qualités qui retient l’attention.
Maqroll
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le 12 juil. 2013

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