Il y a dans Shame une froideur certaine. Totale.
D'un appart rangé, blanc et moderne, sans vie, au climat hivernal qui entoure New York, en passant par les relations interpersonnelles que décrit le réalisateur.
C'est froid. Cela semble sans vie, mécanique.
Steve McQueen filme la sexualité de cette façon. Mécanique.
Le constat est cinglant, d'une extrême violence.
Mais d'une inutilité totale.
Car de son film d'1h30 ne semble se dégager que le constat d'un remplissage assez sommaire. Le film, pourtant si court, est si long... Entre longues scènes de cul inintéressantes, aux descriptions cliniques, longs plans séquences distanciés et immobiles où, avec une complaisance certaine, le réalisateur semble prendre son pied à ne nous montrer rien, on peine à trouver grand intérêt à ce film qui nous aurait été plus bénéfique si épargné.
Car en définitive c'est un ennui profond qui nous prend. Et ce sentiment dépasse tout ceux qu'on aurait dû ressentir.
Dégoût, malaise, colère, surprise, choc, désespoir.
Ils sont là mais bien trop loin, écrasés sous la masse impressionnante de l'ennui qui est, pour un film, fatal.
Cela dû, on l'a dit, à un style froid, distancié, très lent et souvent pour rien, qui empêche empathie et identification de s'élaborer et qui, en accumulant les pistes d'analyses discrètes (le joli feu routier cassé, croisé lors d'un footing) et autres séquences hallucinées au montage antéchronologique et astucieux, ne semble pas savoir où aller et, donc, où nous mener. Aussi brillamment interprétés soient-ils, ces personnages ne nous inspirent rien d'autre qu'un certain mépris, qu'un simple snobisme. Ils, à l'image du film dans lequel ils évoluent, ne nous intéressent pas.
Alors on pourra accumuler les scènes choc, les destins tragiques, les douleurs, les désespoirs, rien n'y fera.
Shame est un film mort de l'intérieur, au style aussi froid que léché, à l'interprétation aussi engagée qu'indifférente.

Charles Dubois

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