En tant qu'inculte, je n'ai découvert le formidable acteur Jack Nicholson que très récemment, avec Vol Au Dessus d'Un Nid de Coucou. Et quand on dit qu'il fait un film à lui seul, oui. Je l'admets. Volontiers. Mais alors, de plus, si ce film est réalisé par Stanley Kubrick himself, cela ne laisse entrevoir que du bon. Le début du film nous présente des décors très large, pourtant, on se sent déjà prisonnier de la montagne, l'angoisse est déjà là. Car non, Shining ne fais pas peur, pire. Il angoisse. Jamais un film ne m'aura autant angoissé. On connait la novation qu'a apporté Kubrick avec Orange Mécanique dans le rapport musique/image dans le monde du Cinéma. Ici, la musique épouvante déjà, on la hait tout du long, dès qu'elle se met en marche, on ne tiens plus. Que va t-il se passer? Quand est ce que ça commencera exactement? Dur de dire. Dur de savoir, mais tellement injuste à subir. C'est un peu ça Shining, nous plonger dans un monde que l'on refuse, mais dont on ne peut s'échapper, soit de par dépendance ou de crainte. J'aimerais avoir la liste des gens qui n'ont pas réussi à voir le film en entier parce que ça fait trop peur, tiens. Si tel était le cas, ils n'auraient pu bouger de leur dossier (ou peut être visionnaient-ils la V.F.?). Ce que j'ai malheureusement peu lu dans les critiques, c'est que ce film d'horreur, contrairement à l'immensité majorité de ses pairs, ne joue jamais sur l'obscurité. Tout est assez éclairé, et, les scènes les plus édifiantes sont les plus lumineuses (notamment celle des toilettes), avec ce dont on sait de Kubrick pour le cadrage et la photographie. L'angoisse est aussi véhiculé par le montage alterné, apparition, disparition, tout est rapide, sec, brut. Ça met les nerfs en pelote, et, le plan qui m'a pris le plus de court est... un intertitre, sur lequel figure "Monday", c'est dire si il y a une réflexion poussée sur la "paranoïa" du spectateur, de ce qu'on attend d'un film d'horreur. C'est ce qui est formidable avec Kubrick, nous proposer des films de genres qui peuvent être très opposés- d'une main de maitre, et ce, oui, à chaque coup. Shining propose aussi une introspection sur l'artiste en lui même : Sacrifier sa vie familiale et sa santé mentale dans le seul but de se construire un vaste monde imaginaire, qui pourrait être, comme c'est le cas ici, très effrayant, qu'une fois mort, on fini rejoindre (?) Je conclurais donc qu'à mes yeux Shining est une vraie réussite.