Tokyo Tribe.

Débutant par une séquence spectaculaire, mais malheureusement réelle, des immigrants chinois qui arrivaient en masse au Japon au début des années 1990, Shinjuku Incident fait partie de ces films où Jackie Chan voulait changer son image. Ici, pas d'humour, pas de bastons ou des cascades folles, l'acteur reste d'un grand sérieux, et se permet des choses qu'on n'avait pas vues depuis longtemps. Comme par exemple la nudité, les scènes de sexe ou avoir de grands moments de violence, car il joue un être animé d'une recherche. Celle de sa fiancée, partie avant lui au Japon pour réussir, et dont il va découvrir qu'elle est mariée à un chef de gang, dont il va devenir son bras droit et plonger ainsi dans le monde des yakuzas.

La particularité du personnage que joue Jackie Chan est qu'il n'a pas de nom ; à l'instar de son arrivée où il doit fuir la berge, laissant ses papiers d'identité, il est surnommé Tête de fer, comme pour montrer son anonymat, son envie de se fondre dans la population japonaise au sein d'une communauté chinoise.
Pour une fois, je trouve que Jackie Chan n'en fait pas trop, et c'est à l'image du film qui reste très traditionnel dans son propos, qui serait en sorte une guerre des gangs à la Kitano (qui est d'ailleurs le nom du flic auquel Jackie est redevable) mais à la sauce chinoise. C'est parfois complaisant dans la violence (avec pas mal de tabassages et de membres coupés), mais on sent la volonté de tout le monde de bien faire, et surtout celle de Jackie Chan de casser son image.

C'est peut-être un peu trop long, mais le film met la lumière sur un phénomène alors courant dans les années 1990 ; l'immigration en masse des Chinois vers le Japon, persuadés de trouver une vie meilleure dans d'autres cieux. Jackie Chan est de ceux-là, en plus de sa quête de retrouver sa fiancée. Mais il va s'enfoncer dans un engrenage de plus en plus fou, à vouloir non seulement défendre sa famille d'adoption, mais à vouloir éviter une guerre des gangs.

Ça fait plaisir de voir Jackie Chan changer de registre, ce qu'il fera aussi avec 1911, et prouve par là même qu'il peut être très bon dans la sobriété.